Le death metal gruérien de Calcined s’exporte en Ukraine!

Après avoir joué une semaine entre Lviv et Kiev, Calcined fait halte dans son antre bulloise d’Ebullition. Rencontre.

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par Christophe Dutoit

Dans leur cave sous Atlantis Center, à Vuadens, une banderole de Slayer côtoie un drapeau de Motörhead. A droite, une guitare Dean – en hommage à Dimebag Darrell de Pantera – attend patiemment son heure. Le décor est posé.

Autour de la table basse, Magnus, Jéjé, Lionel et Piffeux trépignent d’impatience, comme des enfants à qui l’on a promis d’aller à la piscine cet après-midi. En effet, les membres de Calcined prendront un bain de foule, samedi à Ebullition, et ce après une récente tournée de sept dates en Ukraine.

En Ukraine? Tcheu c’t’équipe! «On a eu une proposition mi-janvier de la part de notre label, qui fête cette année ses vingt ans, raconte Simon, 25 ans et bassiste de son état. On n’a pas hésité une seconde!» Sur leurs vacances – «mais sans vraiment dire au patron la destination du voyage» – les quatre Fribourgeois s’envolent pour Lviv, comme on se jette d’une falaise de base-jump.
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Sur le tarmac, un bus 17 places les attend. Ça tombe bien! Les trois groupes à l’affiche et les organisateurs de la tournée entrent dans un road-movie qui durera sept jours, durant lesquels ils donneront sept concerts et avaleront force kilomètres (3500 en tout) et vodkas (par gourmandise pour les produits locaux).

«On a joué dans des clubs de bikers devant une cinquantaine de personnes. On a parfois atteint un niveau cathartique assez fort. C’était à la fois indicible et ineffable», expose Magnus, le chanteur de 27 ans.

Hagrid et Lennon
Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, imaginez Hagrid fin (le géant d’Harry Potter), avec les lunettes cerclées de John Lennon, la voix sourde et menaçante d’un ouragan lointain et le français d’un étudiant en musicologie et histoire de l’art (sic). Sur scène, le mélange détonne, dans tous les sens du terme.

«En général, on donne 7 à 8 concerts durant une année. Là, on en a joué autant en une semaine, se réjouit le groupe qui a gagné en assurance et en fluidité de soir en soir. Par exemple, nos sound-check ne duraient de dix minutes, alors qu’on peut parfois perdre une heure ici.»

En dehors de la route et des paysages monotones et lugubres de la plaine ukrainienne en mars, Calcined a «bien profité du moment. On ne s’est pas pris la tête. Mais, comme nous venions de Suisse (la patrie de Celtic Frost et Coroner, faut-il le rappeler), on a joué en tête d’affiche.»

Pas de quoi jouer les vedettes pour autant. «Là-bas, si tu ne parles pas la langue, on ne te sert pas de bières dans les bars. Au restaurant, les menus ne sont écrits qu’en cyrillique. On choisissait comme au loto», se marre Lionel, le batteur âgé de 25 ans.
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Un disque dans une année
«Après les concerts, on discutait avec les gens qui parlaient un peu anglais, souvent des universitaires. J’ai même causé avec un gars qui bosse pour une boîte de La Chaux-de-Fonds», se rappelle Jérémy, l’as de la six-cordes, âgé de 29 ans.

Après avoir plané sur leur nuage durant une semaine de rock’n’roll, les quatre membres de Calcined retrouveront Ebullition samedi, en première partie de Corpus Diavolis et Abgrund, avant de jouer encore à Marseille au début mai. Puis, le groupe regagnera son local, pour peaufiner un album qu’il compte enregistrer cette prochaine année, sans pression.

«Nous ne faisons pas cette musique pour plaire aux filles (quoique) ni pour jouer au Hallenstation. Nous restons authentiques à l’extrême», clame le groupe en chœur. Parole au musicologue: «Notre musique est faite d’antagonismes cryptiques, de masses informes, de cheminements dramatiques et d’arabesques très subjectives. Elle est très riche et difficile d’accès pour les auditeurs à l’extérieur du mouvement death.»

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Loin de la bouillabaisse parfois livrée tiède par certains groupes, Calcined cisèle ses textes au scalpel, même s’ils sonnent en anglais et de manière pas toujours évidente au décodage. Qu’importe! La masse sonore est surpuissante, la précision chirurgicale et l’atmosphère résolument ténébreuses, à l’image de Funeral passage ou Inner abyss, qui ont lessivé les dernières traces de cérumen dans l’oreille interne de votre serviteur.

Samedi, Calcined présentera sur scène son split, partagé avec les Polonais de Regicide Decease. Sorti en juillet 2012, il rend hommage à la mémoire de Chuck Schuldiner, leader de Death, mort en 2001 d’une tumeur au cerveau qu’il n’a pas pu opérer faute d’argent. Auparavant, le groupe avait commis un 4-titres, Thwarted, dans l’esprit old school qui guide le quatuor vers des abîmes de noirceur.

Bulle, Ebullition, samedi 13 avril, dès 21 h, avec Calcined, Abgrund et Corpus Diavolis. Infos: www.ebull.ch

 

 

 

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