Dans la tête du président

DewarratAu début, on peine à se laisser emporter. A croire en ce monologue intérieur du président des Etats-Unis. En raison, peut-être, d’une langue qui semble bien sage pour suivre les pensées d’un homme. Mais c’est aussi cette langue, qui, peu à peu, envoûte, avant, dans la deuxième partie, de se durcir: Zones de quiétude, nouveau roman de la Châteloise Marie-Claire Dewarrat, est au final beaucoup moins anodin qu’il pouvait paraître.

Le président des Etats-Unis, donc. Dans sa voiture blindée, entourée de gardes du corps. «Aujourd’hui, je ne comprends plus pourquoi il est nécessaire que des hommes marchent autour de ma voiture.» Dès cet incipit, nous voici dans un univers à part, comme hors du mon­de. Dans une zone de quiétude: tirée du vocabulaire ornitholo­gi­­que, l’expression désigne un territoire réservé à la repro­duction et à la con­ser­vation des espèces. Ici, c’est un œil du cyclo­ne, où rien ne peut atteindre le narrateur. Il laisse s’envoler ses pensées, le temps d’un trajet vers une de ses résidences ultrasurveillées. Sur le parcours, un artiste peintre un peu perdu attend le passage du chef de l’Etat. Sa zone de quiétude à lui, c’est le banc d’un vieux cimetière. Son compagnon: un chien muet.

Sur cette trame simple, Marie-Claire Dewarrat tisse un roman étonnant, fait d’atmosphères, de non-dits subtils. Avec, en arrière-fond, une réflexion teintée d’ironie sur le pouvoir, les fausses apparences et notre humaine condition. Après Chroniques d’altitude: 2 – 22 Les Ephémérides (2009), Zones de quiétude vient confirmer que son passage aux éditions charmeysannes de L’Hèbe a donné un nouveau souffle à l’auteure de Carême.

Par Eric Bulliard

Marie-Claire Dewarrat,

Zones de quiétude

L’Hèbe, 160 pages.

Notre avis: ♥♥♥

 

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