Day-Lewis grand comme Lincoln

LincolnOublions Cheval de guerre, mais n’oublions pas que Steven Spielberg est capable du meilleur, d’Indiana Jones à Minority report, en passant par Il faut sauver le soldat Ryan. Un réalisateur capable de vous faire tendre la joue avec E.T. l’extraterrestre pour mieux vous en coller une avec Les dents de la mer ou La guerre des mondes. Suivant le sujet auquel il décide de s’attaquer, Spielberg peut mettre à mal l’économie balnéaire ou relancer la conquête spatiale. Alors, quand le grand Steven décide de consacrer un film au seizième président des Etats-Unis Abraham Lincoln, on ne sait pas au juste s’il faut prévoir du pop-corn ou des mouchoirs.

Ce ne sera ni l’un ni l’autre, de l’attention à haute dose uniquement. Les bras religieusement alignés sur les accoudoirs, les yeux grands ouverts, on plonge dans la lumière, on nage dans l’étonnement salutaire. Un film à costumes? Oui, mais là n’est pas le propos. Une reconstitution? Certes, mais là n’est pas l’essentiel. Avec Lincoln, Steven Spielberg donne un cours magistral. C’est bien simple, il vous fait passer deux heures et demie de dialogue comme si de rien n’était. Un bain cinématographique où chaque plan est conditionné par une idée et chaque personnage mis en valeur. Lincoln parle avant tout de politique, des passions qui l’animent, des ruses qui l’habitent, des volontés qui lui donnent corps.

Daniel Day-Lewis est-il le plus grand acteur du monde? Ou peut-être a-t-il quitté le monde des comédiens pour évoluer dans une dimension connue de lui seul.

Le film met en scène les trois mois qui précèdent la signature du 13e amendement, autrement dit l’abolition de l’esclavage. Il met en lumière l’homme qui a rendu cela possible. Le spectateur est invité à sillonner les rides et les doutes d’Abraham Lincoln. Le premier président républicain de l’histoire des Etats-Unis ressuscite à l’écran grâce à Daniel Day-Lewis. Si bien qu’on se pose une seule question à la fin du film: Daniel Day-Lewis est-il le plus grand acteur du monde?

Ou peut-être a-t-il quitté le monde des comédiens pour évoluer dans une dimension connue de lui seul. Si les prises de vues et, sans doute, un jeu de prothèse ont permis de restituer les nombreux centimètres que Lincoln déroulait sous son chapeau haut de forme, on soupçonne que l’acteur irlando-britannique a également usé de lévitation.

Comble de génie, les personnages secondaires ont tout loisir d’exister. A commencer par Tommy Lee Jones, habité lui aussi. Mais ces performances à elles seules ne suffiraient pas si Steven Spielberg n’était pas un raconteur d’histoires aussi doué. Sa mise en scène trouve le moyen de rendre chaque séquence de dialogue spectaculaire. Dans le film, Lincoln raconte ses paraboles en sortant de l’ombre à chaque fois et finit toujours par laisser éclater sa silhouette dans la lumière.

Par Yann Guerchanik

Lincoln, de Steven Spielberg, avec Daniel Day-Lewis, Tommy Lee Jones, Sally Field, James Spader

notre avis: ♥♥♥

 

 

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