La Gruyère et son patrimoine revisités par Plonk & Replonk

Jusqu’au 1er septembre, le château de Gruyères présente les œuvres de Plonk & Replonk. Les frères neuchâtelois revisitent le patrimoine gruérien. Fil rouge de l’expo, la découverte d’un comte jusqu’ici inconnu, Arebourg Ier.

par Yann Guerchanik

©plonkreplonk_armaillis

Rien de ce que vous allez lire n’est vrai. Rien ou presque. Croix de bois, croix de fer, il est avéré qu’une exposition de Plonk & Replonk a lieu du 27 janvier au 1er septembre au château de Gruyères. Pour le reste… Les cuirassiers de l’humour suisse, Jacques et Hubert Froidevaux, revisitent le patrimoine visuel de la Gruyère et de son castel. Les frères neuchâtelois s’en font une montagne. Il y a un monde entre les pièces traditionnelles du château et la chronique fictionnelle que proposent Plonk & Replonk. Un monde où il fait bon déraisonner.

Il aura fallu attendre deux Chaux-de-Fonniers pour connaître le fin mot de l’histoire, ou plutôt ses balbutiements. «Il y a très longtemps, bien avant la construction des Préalpes, quand la terre était encore plate, le pays de Gruyère existait déjà. Il avait été imaginé et tissé au fil d’or sur une tapisserie par la reine Isabeau de Baliverne, l’excentrique compagne du fondateur Gruérius.»

Mieux encore, Plonk & Replonk ont mis la main sur les archives inédites de leur fils et digne héritier, le comte Arebourg Ier. «Ces antiques documents sont une véritable source de lumière spiralée sous laquelle les figures fantastiques du passé dansent une gavotte frénétique.»

Le Moléson, ce volcan

Il n’en fallait pas plus pour que les frères hirsutes prennent possession de la salle voûtée du château, pour le plus grand plaisir de son conservateur Raoul Blanchard. Le retour du mystérieux Comte Arebourg est ainsi mis en scène à travers 50 images. «Grâce à un procédé tenu secret, alliant l’alchimie, la photographie numérique et le biogaz cérébral, la plupart de ces images ont pu être reproduites en couleur», explique Plonk, parfaitement suivi sur ce point par Replonk.

Le spectateur peut découvrir une spécialité gruérienne: les mines de meringues brutes de la Berra

Des objets historico-loufoques complètent cette fresque historique qui dévoile une chronologie gruérienne de la moumouth des Préalpes – l’ancêtre de la vache domestique – au test de charge de la cabine téléphérique Gruyères-Moléson. Un Moléson dont on profite de retracer l’éruption volcanique du 14 février 1457 dans un magnifique tableau qui côtoie un non moins superbe exemplaire du Songe d’armailli par une nuit d’été.

Dans l’ordre comme dans le désordre, l’exposition se destine à ahurir les spectateurs. Ils sauront tout de la fabrication d’une spécialité gruérienne en découvrant «Les mines de meringues brutes de la Berra». Procédé dont Hubert Froidevaux a rappelé, mercredi devant la presse, que toute la difficulté consiste à extraire la meringue de la mine sans la briser.

Le public découvrira la face à peine cachée du Moléson, avec son antenne, sa tour et son aéroport militaire top secret. Il pourra s’enquérir de la «construction du château de Gruyères par l’entreprise “Frères Chillons & Fils”». Entre autres découvertes, il songera, devant une image de la cité comtale encerclée d’immeubles, à quel point «c’était mieux après».

Par Yann Guerchanik

Château de Gruyères, tous les jours du 27 janvier au 22 mars, de 10 h à 16 h 30 et du 23 mars au 1er septembre, de 9 h à 18 h.

©plonkreplonkloups

 

Bien aises au château

«Il est plus facile de faire sortir le dentifrice du tube que de l’y faire rentrer.» L’humour de Pierre Dac convient bien à Plonk & Replonk, davantage peut-être que cette farfelue citation de l’humoriste français. Car les frères chaux-de-fonniers Jacques et Hubert Froidevaux font feu de tout bois sans s’éparpiller. Une générosité lestée de maîtrise pour un vol en équilibre entre le gag et le beau. L’exposition au château de Gruyères en est un parlant exemple.

Au-delà de la salle voûtée, le conservateur Raoul Blanchard et sa collaboratrice scientifique Anita Petrovsky ont réservé l’arsenal du château pour présenter une importante sélection d’illustrations déjà existantes. Le visiteur peut ainsi se faire une juste idée du travail foisonnant de Plonk & Replonk, une association fondée en 1997 par les frères Froidevaux renforcée par leur camarade d’école Miguel Morales. Le photomontage sur des cartes postales anciennes occupe les compères éditeurs le plus clair de leur temps. Mais très vite, les virtuoses de la colorisation se diversifient.

Les mandats s’enchaînent, notamment une campagne publicitaire pour Couleur 3, les expositions se suivent, dont celle à l’Adresse musée de la Poste, à Paris, ou celle au Musée militaire de Colombier… Jacques et Hubert Froidevaux sont mêmes invités chez Laurent Ruquier. Sans compter qu’Antoine de Caunes officie comme narrateur dans leur film de présentation (visible au château de Gruyères). Pour autant, les poncifs helvétiques restent les cibles favorites de Plonk & Replonk qui font mouche le plus souvent. Selon l’auteur dramatique Jean-Michel Ribes, le tandem serait même «le leader européen sur le marché du nain de jardin bétonné». C’est dire.

 

 

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