De l’autre côté du périph, l’histoire du flic de Paris Hills

De l'autre côté du périphC’est l’histoire d’un mec… Vous la connaissez? Bien sûr que oui vous la connaissez. Mais David Charhon a décidé de vous la raconter quand même. De l’autre côté du périph, c’est l’histoire d’un mec… normal le mec, un Blanc, il vient de Paris, mais la capitale de Paris, le 8e arrondissement.Le mec… un capitaine de police en Richelieu marron qui se rêve commissaire. Il tombe sur un autre genre de mec, un Noir, qui vient de Bobigny, la banlieue, la pas rose, la morose, là où le ciel d’un gris Vélasquez fait pleuvoir des machines à laver sur le premier venu… un Belge mettons. Le mec, le Noir… un keuf de la financière en Adidas et capuchon qui se rêve au volant d’une DS toutes sirènes hurlantes.

Bref, un film de copains, un buddy movie. Une spécialité américaine qui consiste à placer en double cheese burger deux personnages qui ne vont pas ensemble. La magie de l’action et du ketchup faisant que, malgré tout, ils finissent par s’entendre. Blouson noir à manches blanches, Omar Sy se la joue Eddy Murphy. Si señor. Enfin, Axel Foley plutôt, le flic du Flic de Beverly Hills. Laurent Lafitte, lui, tire plus sur le genre Belmondo. Veste de cuir et gros calibre, il s’acharne en Professionnel plus qu’il n’incarne Bebel. Nous voilà dans la France de Voltaire, aux airs de 1998, à la sauce Jamel Comedy Club. La France viable, la seule possible.

Au début, tout nous entraîne dans la resucée et le cliché. Pour mieux nous en faire sortir

Ce film sans prétention tire son épingle du jeu des apparences. Au début, tout nous entraîne dans la resucée et le cliché. Pour mieux nous en faire sortir. Le jeune de banlieue n’est pas si cool, il était même le souffre-douleur de sa cité. Le Parigot n’est pas si tête de veau. C’est même un chaud lapin qui passe son temps à courir les gazelles.

Si on ne décolle pas vraiment, on plane un brin. Le film se moque avec sincérité, à une époque où il convient de juger plus vite que son ombre. Tout le monde a droit à son camouflet: le Black, le Blanc, le Beur, la kaïra, le gotha, les patrons, les bouffons, les homos, les hétéros, les meufs, les keums. On s’injurie sans risquer le règlement de comptes ni une vague de politiquement correcte dans les bronches. Ça fait du bien.

Surtout que les répliques font mouche à répétition: «S’il y a des casiers vierges, le tien a dû faire des tournantes»;«Avec le temps que tu perds dans ton bureau, tu devrais savoir ce qu’est une planque». Pour le reste, les cascades sont là quand il le faut. Elles conservent un certain sens du réalisme malgré l’univers comique dans lequel elles baignent. Un code propre au buddy movie: départir la comédie d’une dose d’action pure sucre. Autre incontournable, l’entente entre les personnages. Les acteurs remplissent bien le contrat quand ils ne frisent pas la roue libre. Pour le reste, il y a surtout Omar Sy. C’est l’histoire d’un mec au talent énorme qui n’a pas fini de le dévoiler.

Par Yann Guerchanik

De l’autre côté du périph, de David Charhon, avec Omar Sy et Laurent Lafitte

 

 

 

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