Pierre Jourde, un orfèvre qui trop embrasse

jourdeLe régime autocratique de la république d’Hyrcasie s’écroule. Son dictateur paranoïaque et sanguinaire voit l’heure de sa déchéance approcher. Refusant de rendre les armes, il rêvera jusqu’au bout d’une reconquête du pouvoir.

Roman polyphonique en quatre parties, Le maréchal absolu (prix Virilo 2012) narre le déclin d’un tyran régnant sur un pays imaginaire. Cet ouvrage de 750 pages condense tous les traits des dictateurs post-coloniaux de la planète, de Staline à Kadhafi en passant par Bokassa et Saddam Hussein. Voyage au cœur du pouvoir et réflexion sur la servitude volontaire ainsi que sur le rapport entre réalité et fiction, Le maréchal absolu emporte ses protagonistes dans un tourbillon rabelaisien où se conjuguent pêle-mêle la farce, l’horreur, l’absurde, l’espionnage, le burlesque, le récit picaresque et la critique médiatico-politico-sociale.

Pierre Jourde est un orfèvre sur le plan stylistique, adaptant sa plume au registre de chacun des narrateurs. Il excelle aussi dans l’art de combiner langage châtié et gouaille populaire, avec de truculentes tirades comiques. Malheureusement, une trame narrative tarabiscotée et chaotique fait que le lecteur s’enlise trop souvent dans le récit. Péchant par son ambition démesurée, il laisse celui-ci perplexe: chef-d’œuvre ou tour de force dérisoire? Qui trop embrasse, mal étreint, dit-on. La taille du pavé fera hésiter le lecteur à entreprendre une deuxième lecture, sans doute nécessaire pour en apprécier pleinement le contenu.

par Marc Luthy

Pierre Jourde
Le maréchal absolu
Gallimard / 752 pages
notre avis: ♥♥

 

 

 

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