Roland Magnin, couleurs vives et souci du détail

Roland Magnin présente plus de 50 œuvres à Riaz. Des toiles à l’acrylique pour la plupart, visibles jusqu’au 30 décembre.

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par Mélanie Rouiller

«Je ne pourrais pas ne plus dessiner.» Dès lors, tous les soirs, Roland Magnin s’installe dans son atelier. Une bulle hors du monde, qui le soulage de la grisaille industrielle de sa journée. Jusqu’à la fin du mois, le peintre bullois partage le résultat de cinq ans de ce travail journalier, à voir au dernier étage du bâtiment scolaire de Riaz. Des animaux principalement, des couleurs vives et un souci du détail. Pour le reste, il ne s’interdit rien. «Je peins ce que je veux, je ne me mets pas de barrière et je ne me soucie pas de savoir si cela va plaire ou non.»

L’honorabilité de son œuvre tient à la fois dans sa technique, mais aussi dans la sincérité de sa démarche. «Quand quelque chose me touche, je ne peux pas faire autrement que de le dessiner.» Roland Magnin peint d’abord pour lui, parce que ça lui est nécessaire. «Le pire moment est le moment de la signature, car cela signifie que c’est fini.»

Le plus réaliste possible
Il repère généralement ses inspirations dans les magazines, recadre les photos au scotch, puis travaille le sujet principal afin de le rendre le plus réaliste possible. «Parfois, il suffit que je rajoute une pointe de blanc dans l’œil pour que l’image de l’oiseau rende juste.»

Du vieux rock’n’roll dans son casque, il s’attaque à son sujet, oublie tout le reste en se concentrant sur la poussière de la charge d’un rhinocéros, rendant minutieusement les nuances de ce nuage. La finesse du geste est aussi une qualité de son métier de décolleteur. S’il avoue avoir essayé de s’en départir dans le cadre de sa passion, il concède n’y avoir jamais réussi. «J’ai tenté la peinture abstraite, mais ce n’est pas pour moi.»

Il poursuit donc dans sa voie de prédilection, l’hyperréalisme. Sa série d’oiseaux récompense particulièrement sa passion de la minutie, dévoilant au public une peinture qui pourrait être une photographie. Quelques dessins au crayon, portraits, nus et instantanés témoignent de son plaisir des reflets et des transparences.

Ne s’arrêtant pas en chemin, il a trouvé une autre manière de pousser sa recherche picturale un peu plus loin. En observant la déformation d’un calendrier de Renoir à travers la vitre gondolée de la porte de son atelier, il découvre une nouvelle représentation de la réalité.

Le résultat est surprenant,
comme barré de décalages qui font loucher.

Quelques premières esquis-ses au pastel lui confirment que cette idée l’intéresse et il ne lui faut pas longtemps avant d’empoigner ce nouveau défi technique. Il fixe l’image de son choix de l’autre côté de la porte, la photographie à travers la vitre et s’installe à son chevalet pour reproduire cette déformation. Le résultat est surprenant, comme barré de décalages qui font loucher. Des images qui semblent se refuser à notre regard. Un écureuil à deux museaux, une fouine avec un œil de trop, et pourtant, un ensemble très réaliste que

le spectateur s’amuse à reconstruire dans son cerveau. Un effet d’optique qu’il n’a pas été le seul à explorer. «J’ai vu l’autre jour la pochette du dernier album de Madonna. Mince! je devrais lui demander des droits d’auteur!» rigole Roland Magnin.

Riaz, bâtiment scolaire, jusqu’au 30 décembre, semaine 17 h-20 h, week-end 14 h-19 h (24 déc. 13 h-16 h)

 

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