Quand Alice jongle avec les merveilles

Haut en couleur, enlevé, rythmé, un rien superficiel: ainsi est apparu Alice au pays des merveilles en version cirque chinois.

alice

par Eric Bulliard

Plein les mirettes, du début à la fin. Le Nouveau cirque national de Chine, qui présentait sa version d’Alice au pays des merveilles, vendredi à la salle CO2 de La Tour-de-Trême, a les qualités et l’énergie pour ravir les yeux des spectateurs. Ça virevolte, ça jongle, ça se contorsionne à tout va, sans trêve ni temps mort.

Plus qu’une illustration suivie du récit classique de Lewis Carroll, le spectacle se présente comme une évocation à travers plusieurs personnages incontournables. Quant au texte, il est présent grâce à d’intelligentes allusions à l’écrivain, quasi évanescent, présent à plusieurs reprises derrière sa machine à écrire ou manipulant une boule de cristal en jonglerie de contact.

Dans une atmosphère plutôt urbaine, les numéros s’enchaînent sur un rythme soutenu. Du traditionnel, essentiellement: tissu aérien, sangles, antipodisme, main à main, contorsion, hula-hoop ou encore jonglerie (avec chapeaux, bolas, diabolos…). Rien de révolutionnaire, mais une mise en scène soignée, un savoir-faire et un talent évidents de la part des 25 jeunes acrobates comme du metteur en scène Patrice Wojciechowski et du dramaturge Fabrice Melquiot.

Parmi les moments forts, on retiendra en particulier les très impressionnantes contorsions du Chat du Cheshire. En seize tableaux et un peu plus d’une heure trente effrénée naît ainsi un univers à part, un peu Lewis Carroll, un peu Chine contemporaine, très nouveau cirque. Et on se réjouit que ses créateurs aient eu le bon goût de puiser les personnages au-delà de l’imagerie Disney, de revenir au texte. Au risque de déstabiliser les spectateurs qui n’auraient pas l’histoire originale bien en tête.

Tout apparaît réglé à la perfection, carré, précis, sans grande surprise

Comme on l’imaginait
Un regret: certes, Alice au pays des merveilles ne manque pas de grâce. Certes, le spectacle est au rendez-vous, mais pas l’inattendu. Tout apparaît réglé à la perfection, carré, précis, sans grande surprise: voilà exactement le spectacle que l’on pouvait imaginer en pensant au Nouveau cirque de Chine traitant de ce thème.

Pour vraiment décoller, il manque un petit quelque chose, une touche de magie, de féerie. Un comble pour un spectacle qui s’inspire d’une histoire centrée sur le rêve et l’imagination. Au final, on garde le sentiment d’être resté en surface. D’avoir vécu une de ces soirées qui ne resteront pas gravées dans les mémoires, mais qui se révèlent très agréables sur le moment. Peut-être est-ce l’essentiel.

 

Posté le par admin dans Spectacles Déposer votre commentaire

Ajouter un commentaire