Ringard assumé, mais pas assez

Les quadras ont vraiment la cote: on ouvre des bars à vin pour eux, qui se remettent à sortir après leur divorce. En fin de soirée, pour essayer de conclure, ils se trémoussent en boîte sur les tubes de leur jeunesse. Et ça fait quinze ans que ça dure!

Quinze ans, en effet, que les années 1980 sont en revival. Alors, à un moment donné, un producteur allait bien surfer sur cette vague et en faire un film: c’est le cas de Thomas Langmann, coréalisateur de Stars 80. Le film raconte l’histoire vraie d’une tournée à succès montée uniquement avec les chanteurs has been de l’époque.

Producteurs de spectacles, Vincent (Richard Anconina) et Antoine (Patrick Timsit) sont au bord de la faillite quand ils ont une idée de génie: faire remonter sur scène toutes les stars des années 1980. On retrouve dans leur propre rôle Jean-Pierre Mader, Peter et Sloane, Emile et Images, Début de soirée, Jean Schultheis, Lio, Jean-Pierre Feldman, Sabrina, Jeanne Mas, Jean-Luc Lahaye… on en passe et des meilleurs.

Si le film n’a donc visiblement pas coûté cher en cachets, on ose espérer qu’il n’a pas coûté cher non plus en scénario. Car il n’y en a pas. Stars 80 est un long clip de presque deux heures. L’histoire est courue d’avance, les ressorts comiques ont la finesse d’un piston V16 Scania et le message est appuyé au marqueur fluo (très années 1980, le Stabilo Boss…). Question jeu d’acteurs, Anconina et Timsit se sont mis au niveau de ceux dont ce n’est pas le métier. Surtout Patrick Timsit, décidément très limité.

Ils ne sont plus très beaux, sauf Sabrina, qui remporterait toujours un concours de T-shirt mouillé en chantant «Boys boys boys».

Qu’est-ce qui sauve le film, alors? Eh bien! les has been! Chapeau bas, quand même, aux chanteurs et chanteuses qui jouent l’autodérision à fond la gomme. Ils ne sont plus très beaux – sauf Sabrina, qui remporterait toujours un concours de T-shirt mouillé en chantant Boys boys boys – le poids des ans a fait son œuvre chez la plupart d’entre eux, mais ils l’assument avec un plaisir rafraîchissant. Reste à savoir si Jean-Luc Ladaye, ridicule et infâme, joue au premier ou au deuxième degré… Mention spéciale à Valery Zeitoun, vrai producteur dans la vie qui, lui aussi, en prend pour son grade.

Et puis, il y a cette scène surréaliste avec Gilbert Montagné dans l’église de Harlem, qui laisse quelques regrets. Pour paraphraser un autre Gilbert (Rozon, jury de La France a un incroyable talent), ce gospel totalement déjanté était tellement ridicule qu’il en est devenu brillant. Il aurait fallu un peu de courage (et de créativité) pour imprimer cette folie sur toute la longueur du film. D’autant plus que, visiblement, les ex-vedettes étaient prêtes à tout.

Stars 80, de Frédéric Forestier et Thomas Langmann, avec Richard Anconina, Patrick Timsit et tous les chanteurs français de ces années-là

notre avis: ♥

 

 

Posté le par admin dans Cinéma, Critiques Déposer votre commentaire

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