Martin Kohan, l’anodin, le futile et l’horreur absolue

«A partir de quel âge un enfant peut-il être torturé?» C’est la question adressée au Dr Mesiano, absent, lors de la Coupe du monde de foot en juin 1978. Un jeune conscrit, hermétique à l’horreur du message, doit retrouver le médecin pour la lui transmettre. Entre pérégrinations du conscrit et considérations footballistiques, l’auteur dépeint la situation d’une prisonnière politique, parturiente violée et torturée.

L’anodin et le futile côtoient l’horreur absolue dans une totale indifférence et l’auteur parvient à exposer le mal dans sa dimension universelle. Avec ces personnages dénués de compassion, exaltant les valeurs de l’ordre et de l’autorité, Martín Kohan signe paradoxalement avec Le conscrit une œuvre d’une grande humanité. Il illustre brillamment ce que Hannah Arendt décrivait comme la banalité du mal. Loin d’être l’apanage de monstres sanguinaires, l’inhumanité peut happer n’importe quel être humain.

par Marc Luthy

Martín Kohan
Le conscrit
Seuil / 224 pages
notre avis: ♥♥♥

 

 

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