Underschool Element met un poing final à sa belle histoire

S’arrêter plutôt que décliner. En mal de temps et de venin, les cinq Gruériens d’Underschool Element mettent un terme à leur aventure, vendredi, au Nouveau Monde. Tout un symbole.

par Christophe Dutoit

 

On ne sait pas encore s’ils choisiront la version des Beatles ou celle des Doors… Quoi qu’il en soit, les cinq Gruériens d’Underschool Element entonneront The End, vendredi soir au Nouveau Monde de Fribourg. Ils sonneront le glas d’une aventure de onze ans, riche de quatre disques, d’une centaine de concerts, d’une tournée au Brésil et d’une indéfectible amitié.

«Depuis deux ans, nous ne composions plus vraiment de nouvelles choses. Après notre dernier concert, en mai 2011 à Ebullition, on s’est dit que c’était fini.» Réunis lundi autour d’une table de bistrot, Romain Gachet (basse), Yvan Braillard (batterie) et David Broillet (guitare) s’accordent sur un point: mieux vaut s’arrêter que décliner. «On a toujours beaucoup de plaisir à jouer ensemble, lance Romain Gachet. Mais on n’a plus assez de motivation pour se lancer dans un nouveau disque.»

Avant d’être pathétiques
Un avis partagé par Yvan Braillard: «Nous avons consacré dix ans de notre vie à ce groupe, à raison parfois de trois répétitions par semaine en plus du concert du samedi soir. C’était une vie de fou, mais on avait le feu!» Du coup, le groupe discute et prend une décision «à la Didier Cuche»: «C’est le bon moment pour arrêter. Avant que nous devenions pathétiques!» Par déférence pour leur label Saïko Records et pour le Nouveau Monde qui a connu leur baptême, les cinq Gruériens acceptent de monter une dernière fois sur scène. Pour se dire au revoir et pour dire adieu au public de fidèles qui a suivi leurs tribulations depuis une décennie.

Underschool Element est né sur les cendres d’un groupe de funk où se retrouvaient déjà Romain, Yvan et le guitariste Fabien Charrière. «Après une répétition, on trouvait qu’il y avait trop de monde sur scène», rigolent-ils aujourd’hui.

«Mon frère Grégoire chantait à l’époque au sein de Cortez et il a naturellement intégré le groupe», raconte Romain Gachet. Très vite, les premières chansons naissent dans leur local de répétition. Les quatre musiciens, tous compositeurs, amènent leurs influences, qui du metal, qui du funk américain. «Un melting-pot difficile à classer», selon Yvan Braillard, mais qui deviendra rapidement la griffe du groupe.

Après quelques concerts en 2001, USE grave son premier 4-titres, The 8th Dwarf, avec Sacha Ruffieux, bientôt considéré comme son producteur attitré. Quelques mois plus tard, le groupe gagne le prix du talent le plus prometteur de Suisse dans le cadre du m4music. La carrière est lancée.

Souvenirs du Gibloux
«En juillet 2002, nous étions programmés sur la petite scène du Festival du Gibloux. Dans les loges, Al Comet nous a généreusement proposé de prendre sa place sur la grande scène et nous avons fait un concert incroyable devant un monde fou», se remémorent les musiciens.

Frétillants comme des gardons, les quatre garçons ont désormais le vent en poupe et en profitent pour convertir la Suisse avec leur musique énergique et intense. En 2004, ils enregistrent leur premier vrai album, Rien de plus, et ils montent à Paris le temps de gagner le Tremplin Rock. «Ce furent trois jours très cool, même si ce prix n’a pas eu beaucoup de conséquences en France, puisque la tournée promise au vainqueur n’a jamais eu lieu.»

Qu’importe! David Broillet intègre le groupe sur scène, qui devient une impressionnante machine à l’efficacité redoutable. En 2007, le groupe enregistre Tango, sans doute son disque le plus ambitieux. «On voulait conserver l’énergie du live, même si on s’éloignait du metal et du funk, explique Romain Gachet. Ce disque est plus intime, peut-être moins agressif, mais tout aussi méchant.»

Underschool Element mange son pain blanc, ouvre pour les Young Gods aux Francomanias et s’adonne à une tournée d’un mois au Brésil, en 2009. «On a fait quinze dates en un mois, en finissant par un gros festival, raconte Yvan Braillard. On a eu droit à des interviews à la télévision, les gens nous prenaient pour un super groupe en tournée mondiale.»

Si l’expérience fut richissime d’un point de vue humain – «même si on a cru mourir cent fois sur les 10000 km de route» – elle n’a pas convaincu le groupe de tout abandonner pour la musique. «Tout musicien rêve de tourner ainsi, poursuit le batteur. Mais il y a le revers de la médaille. Pour une heure sur scène, il faut subir les 23 heures restantes.»

Expérience acoustique
Hormis quelques week-ends prolongés en France, Underschool Element ne réitérera pas ce genre d’aventure. Le dernier déclic se produit cependant à Paris, lorsque le groupe est convié à jouer quelques morceaux acoustiques lors d’une interview radio. «On a dû se détacher des grosses pulsations. Cette expérience nous a donné envie de creuser.»

En parallèle au groupe, Yvan apprend à jouer du cymbalum pour accompagner le violoniste Primasch. Naturellement, ce nouvel instrument intègre les sonorités d’Underschool Element, qui enregistre son concert intimiste d’Ebullition, en 2009, en forme d’ultime album à son impeccable discographie. Audacieux comme à son habitude, les musiciens se paient même le luxe de reprendre, avec un chant presque murmuré, le fameux Roots bloody roots de Sepultura, sommet d’un disque ensorcelé, captivant et ambitieux.

Les heures passent et les membres d’Underschool Element regardent avec de plus en plus de fierté leur parcours musical. La tension semble peu à peu monter en prévision du concert de demain. «On a fait deux répétitions et le set sera vraiment très rock. Mais, vendredi, lorsqu’on entonnera le dernier titre, je pense que l’émotion sera très vive. Je crois qu’on commence à vraiment sentir l’ampleur de la soirée.»

A noter que les festivités débutent par un triple hommage à Underschool Element par les locaux de Northfolk, Jim the Barber et Darius.

Fribourg, le Nouveau Monde, vendredi 16 novembre, dès 21 h. Prélocations conseillées sur www.nouveaumonde.ch

 

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