Un «Exil» pour signer le grand retour de Magister

Magister, connu à la ville sous le nom de Junior Manizao, vernira la sortie de son deuxième album Exil, ce samedi. Rencontre.

Paulo Wirz

Plus besoin de le présenter dans nos contrées. Après un premier EP en 2007, puis l’envol en 2009 avec l’album Icarus, Magister, le «maître» en latin, est de retour avec une seconde galette, Exil. La gouaille du rappeur afro- helvétique, toujours colorée et engagée, sera servie par des musiciens et plusieurs featurings à Ebullition, à Bulle, une salle qui a été témoin du chemin parcouru par le rappeur depuis ses débuts.

En effet, en tant que membre du collectif gruérien La Rafal, il y avait fait les premières parties de Sens Unik et de Saïan Supa Crew. Depuis, Junior Manizao a fait du chemin: l’enseignement, une incursion dans le monde de la mode et surtout le rap, autant de jalons d’une vie déjà bien remplie, qui lui ont même valu une biographie sur son histoire. Au final, l’enseignant et le rappeur sont une même identité, le Magister, dont le but est de faire passer un message.

Moins linéaire
Lorsque vient la question de savoir comment il a appréhendé ce second album, souvent considéré comme le plus difficile, Magister répond que «la recherche de financement n’est jamais évidente, mais d’un point de vue créatif, ce second album est dans la continuité du précédent, notamment au niveau des thèmes abordés». Son titre phare, A la gloire de nos pères, fait la part belle à l’Afrique, avec la participation de Farafina, groupe mythique du Burkina Faso, et constitue un lien direct avec certains titres précédents comme Les miens ou encore le single Ma Suisse, qui l’avait révélé au grand public en 2006.

«Je voulais que mon album reflète plus l’énergie du live, un son plus vivant, avec de vrais musiciens et des instruments.»

Musicalement, Magister a voulu un son «moins linéaire, avec plus de variations dans le flow, plus de jeu» pour ce second opus. Pour ce faire, il a d’abord collaboré avec le beatmaker Version F (Diams, Soprano, Stress…), mais aussi Mathieu Segur et Spy Kani, puis a retravaillé ses morceaux avec des musiciens au studio Ekeko, à côté de Fribourg: «Je voulais que mon album reflète plus l’énergie du live, un son plus vivant, avec de vrais musiciens et des instruments.»

Perpétuer le rap régional
«Le son, c’est comme un coup de foudre» et les sonorités africaines surtout, mais aussi hispaniques, ont toujours eu une résonance particulière chez lui. Son éclectisme, ses origines multiples et son envie de création ont aussi amené Magister à faire participer quelques artistes ou groupes locaux officiant habituellement dans d’autres styles, tels que The Roxannes ou Jibcae.

Lorsque l’on évoque ses thèmes et son engagement, il répond que «le rap est engagé de toute façon», même s’il revendique «un rap conscient qui s’adresse à un public plutôt adulte et réfléchi». Dans cette démarche qui vise à transmettre un message et certaines valeurs, il a plus de points communs avec des Youssoupha ou des Médine que certaines productions bling-bling actuelles. Pour ce vernissage, Magister a confié sa première partie à deux jeunes rappeurs, «qui suivaient La Rafal à l’époque, Vermino et B Bess». Une façon aussi pour lui « de renvoyer l’ascenseur» et de perpétuer le rap dans la région.

Bulle, Ebullition, samedi 10 novembre, 22 h. Infos et réservations: www.ebull.ch

 

 

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