Jean-Michel Guenassia, antihéros à travers le siècle

Il avait marqué les esprits avec un excellent premier roman, en 2009, Le club des incorrigibles optimistes. Dans La vie rêvée d’Ernesto G., Jean-Michel Guenassia revient avec la même verve narrative, la même façon de mêler fiction et réalité, de faire sentir à travers ses personnages les échos de l’histoire du XXe siècle. Il confirme aussi son talent de conteur, qui donne presque le sentiment que son roman (quelque 540 pages tout de même) est trop court. Ceux qui ont apprécié le précédent pourront en outre s’amuser à y découvrir des correspondances, à retrouver certains personnages dans d’autres circonstances, à d’autres époques.

La vie rêvée d’Ernesto G. ne suit pas le destin d’un célèbre révolutionnaire, mais celui d’un médecin juif, Joseph Kaplan. A Prague, sa ville natale, puis à Paris et à Alger, il mène une vie de rencontres et d’amitiés, bercée par des idéaux et sa passion pour les tangos de Carlos Gardel. Arrivent la Seconde Guerre mondiale, vécue de loin, puis les désillusions. Et ce jour de 1966 où, employé d’un sanatorium de la campagne tchèque, Joseph voit arriver le fameux Ernesto G. Incognito, sous le nom de Ramon Benitez Fernandez, le Che arrive en très mauvais état et veut se retaper après sa campagne africaine ratée.

Traversée du XXe siècle d’un antihéros ordinaire, La vie rêvée d’Ernesto G. est parcourue de mélancolie. Celle des déceptions, des envies enfuies, des trahisons, amplifiées par l’échec du communisme, avec toute la paranoïa et les dérives qui l’ont accompagné.

par Eric Bulliard

Jean-Michel Guenassia
La vie rêvée d’Ernesto G.
Albin Michel, 544 pages
notre avis: ♥♥♥ 

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