L’Opéra des champs et l’abracadabrant monde du roi Ouf

L’Opéra des champs présente L’étoile de Chabrier, ce week-end, à La Tour-de-Trême. Un spectacle complet et drôle, avec des surprises.

par Laure Jacquier

L’opéra, un genre aussi poussiéreux qu’ennuyeux? L’Opéra des champs a fait voler en éclats ce préjugé dans l’esprit des élèves de La Tour-de-Trême en leur interprétant, mardi après-midi, une représentation vivante, enjouée et spectaculaire de L’étoile d’Emmanuel Chabrier. Cet opéra-bouffe déjanté se prête à merveille au dessein du metteur en scène Jérôme Maradan: plaire à un large public.

Il a ainsi choisi d’insérer l’intrigue dans l’univers du cirque, avec danseuses et acrobates divers. De la sorte, les spectateurs peu habitués à savourer ce genre de musique évitent de s’ennuyer pendant une ouverture orchestrale ou un long air soliste: ils ont toujours un spectacle à observer, jonglage de feu ou acrobatie de tissu aérien.

Le décor est efficace sans toutefois tomber dans la surenchère et les costumes sublimes et loufoques de Nicole Michaud accentuent la bouffonnerie des personnages tout un créant un tableau d’ensemble très esthétique, dans les tons noir et or.

D’une voix agile et souple
L’un des atouts principaux de l’œuvre: son humour abracadabrant, porté par les chanteurs qui s’avèrent également bons comédiens. Michel Mulhauser est très drôle dans la peau du roi Ouf 1er, monarque absolu, mais ridicule aux yeux de tous. Si son timbre de voix particulier convient bien au personnage, il peine hélas à exécuter toutes les notes aiguës, qu’il doit se contenter d’effleurer en voix de tête: méforme passagère ce jour-là ou partition trop aiguë pour sa tessiture?

De manière générale au niveau vocal, les solistes masculins sont convenables, mais pas tout à fait à la hauteur de leurs excellentes collègues féminines. La soprano Joelle Delley Zhao campe une princesse Laoula fraîche et attachante grâce à sa voix agile et souple. A celle-ci vient s’accorder celle de son amie Aloès, sous les traits de Marie-France Baechler, qui ne manque pas de puissance ni de rondeur tout en conservant la légèreté nécessaire.

Face à elles, la soprano Lamia Beuque incarne un jeune Lazuli (rôle travesti) tendre, espiègle et fringant, avec une vocalité qui sait tout autant se faire douce et émouvante dans La romance de l’étoile, qu’énergique et virevoltante dans son rondeau du colporteur.

A souligner également, la performance du chœur: une très belle qualité vocale que n’altèrent pas ses mouvements scéniques. Il se joint en effet avec aisance aux danseurs dans une mise en scène jamais statique. Quant à l’orchestre, vigoureusement emmené par Olivier Murith, il assume son rôle bien dans le style, avec mention spéciale aux bois.

Des problèmes de synchronisation entre chanteurs et musiciens, dans les passages rapides où les voix «tricotent» en tous sens, apparaissent un peu trop fréquemment, mais seront peut-être réglés pour la première représentation officielle.

En outre, les voix ont parfois de la peine à passer par-dessus l’orchestre, surtout lorsque les chanteurs remuent sur scène. Revers de la médaille lorsqu’on évite une mise en scène statique. Le surtitrage se révèle alors utile, quand bien même le texte est en français.

Un spectacle complet et drôle qui réserve des surprises et devrait amuser même… les passionnés d’opéra!

La Tour-de-Trême, salle CO2, samedi 3 novembre, 20 h 30, dimanche 4 novembre, 17 h. Réservations: www.labilletterie.ch

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