Globull, des têtes d’affiche à prix d’or pour soigner l’image du club

Ils s’appellent Chuckie, Crookers ou Mr. Oizo. La plupart des gens ne les connaissent pas. Et pourtant, ils font partie des nombreux DJ de renommée mondiale à être passés par les platines de Globull.

Jérémy Rico
 

Depuis quelques années, la boîte de nuit gruérienne accueille régulièrement la crème des artistes électroniques. Ce week-end, ce sera au tour de Sidney Samson de mettre le feu aux nuits bulloises. La star hollandaise sera chargée d’animer le quinzième anniversaire de la boîte.

«Nous essayons de programmer environ deux ou trois têtes d’affiche par mois, calcule Joseph Rusca, programmateur du club. Pour nous, la grosse saison se joue sur quelques mois, entre octobre et décembre. En ce moment, nous avons presque une tête d’affiche par semaine.»

Une soirée à 40000 francs
Une question se pose. Quelle est la recette magique pour faire venir ces têtes d’affiche en Gruyère? Associé à Hervé Ruffieux et Céline Michel à la tête de l’établissement, Joseph Rusca a sa petite idée: «En quinze ans, Globull s’est fait un nom dans le monde de la nuit en Suisse. Les artistes savent que nous sommes sérieux, et que nous ferons tout pour promouvoir leur venue. Mais il est clair que l’argument décisif reste l’argent.»

Et une chose est sûre, il ne faut pas avoir peur des gros chiffres pour s’attacher les services de DJ renommés. Tête d’affiche du week-end, Sidney Samson négocie ses cachets à près de 20000 fr. A cela s’ajoutent encore de nombreux frais annexes.

«Nous prenons aussi en charge le voyage de l’artiste, explique Joseph Rusca. Il faut donc acheter les billets d’avion et louer une voiture. Nous réservons également une nuit à l’hôtel et un souper au restaurant.» Sans oublier encore l’organisation de la soirée, avec la publicité et le matériel pour la performance. Au total, la venue de Sidney Samson coûte près de 40000 fr. à Globull.

Pas que la rentabilité
Mais un tel montant reste cependant extraordinaire. «S’il faut donner une fourchette, je dirais qu’une soirée avec un DJ international nous coûte généralement entre 10000 et 20000 fr., chiffre Joseph Rusca. Mais les cachets sont très variables.» Et pour cause: sortir un tube est presque toujours synonyme de jackpot financier pour les artistes.

«Ce ne sont clairement pas les soirées les plus rentables pour nous. Mais cela contribue à notre image de marque dans le milieu.»

Venus une première fois en Gruyère contre un chèque de 1500 euros, les Crookers, duo italien, ont négocié leur deuxième venue à près de 10000 euros. A peine une année plus tard. «Ce ne sont clairement pas les soirées les plus rentables pour nous, analyse Hervé Ruffieux. Mais cela contribue à notre image de marque dans le milieu. Il ne faut pas regarder que les taux de rentabilité.»

Entre Prague et Las Vegas
Sur un marché suisse très restreint, la bataille des prix fait souvent rage. Entre les deux pôles Lausanne et Zurich, Globull essaie toutefois de se faire une petite place. « La plupart du temps, nous sommes quatre ou cinq clubs à négocier avec le même artiste, explique Joseph Rusca. Mais nos moyens restent quand même limités face à des établissements comme le Mad ou le D! Club, à Lausanne. Nous essayons de nous rattraper avec un accueil parfait des artistes.»

Champagne de luxe, hôtels quatre étoiles ou grosses voitures de location font souvent partie des exigences des DJ de renom. «Une fois un artiste m’a même demandé cinq kilos de chocolat suisse», rigole Joseph Rusca. Mettre les petits plats dans les grands: une stratégie qui semble payer. Un coup d’œil à l’agenda de Sidney Samson suffit à s’en convaincre. Après des prestations à Amsterdam, Dortmund et Prague, le Hollandais fait halte vendredi à Globull. Avant de s’envoler pour Las Vegas, puis Toronto…


Réflexion sur les nuisances voisinage

Les nuisances sonores: le thème revient inlassablement dans le débat sur les nuits bulloises. Et Globull n’échappe pas au phénomène. Ouverte en général jusqu’à 4 h, la boîte de nuit voit les habitations se rapprocher toujours plus de sa piste de danse. «Acoustiquement, le quartier est catastrophique, déplore Hervé Ruffieux. Malgré nos oppositions, des habitations ont été construites à quelques mètres de Globull. Les chambres ont même été tournées directement vers nous.»

Pour améliorer la situation, l’établissement a déjà pris quelques mesures. «Lors de nos soirées, le parking de Lucky Motos est bloqué, pour éviter que les gens ne laissent leur voiture près des habitations. Les effectifs de sécurité à l’extérieur ont également été augmentés.» Mais Globull pourrait aller bien plus loin: «Nous réfléchissons à plusieurs solutions à long terme. Nous n’en sommes qu’au stade de projet, mais il serait imaginable de recouvrir le bâtiment d’un revêtement plus insonorisant. Retravailler complètement l’établissement serait aussi une solution. En plaçant les pistes de danse en sous-sol ou en réorganisant notre terrain pour éloigner le bruit des riverains.» JR

 

Pour tous, de 7 à 77 ans

Dans le cadre de son quinzième anniversaire, Globull s’ouvre à tous les âges, de 7 à 77 ans. Sur le thème des jeux de société, la boîte de nuit bulloise propose cette semaine une programmation très variée. Demain mercredi, Catillon se chargera d’ouvrir les festivités: «Ils présenteront sur scène six titres inédits, se réjouit Joseph Rusca. Pour le concert, le groupe sera dans sa configuration complète, avec huit musiciens.» Ouverture des portes à 21 h.

Le lendemain, ce sera au tour du kitchissime Günther de prendre possession de l’établissement. Lunettes, brushing et moustache d’un autre temps, le Suédois ne se prend pas au sérieux. Et heureusement. Vendredi sera placé sous le signe de la musique électronique, grâce au DJ hollandais Sidney Samson, accompagné de ses compatriotes MC Ambush et Leroy Styles. Samedi après-midi, des portes ouvertes seront organisées: «Nous proposerons des ateliers pour les enfants, explique Joseph Rusca. L’espace de quelques heures, ils pourront se familiariser avec les métiers de la nuit.» Photographie, graphisme, arts des saltimbanques et danse sont également au programme. En soirée, le Privilège accueillera la radio Couleur 3 et son émission de musique électronique Let’s dance. Enfin, la boîte de nuit prendra des airs de bal populaire dimanche. Un après-midi dédié aux adeptes des thés dansants, de 14 h à 18 h. JR

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