Depuis leur arrivée en 1634, les ursulines ont tout conservé exposition

Les sœurs de Sainte-Ursule ouvrent au public une partie de leur patrimoine historique et culturel.

par Dominique Meylan
 

L’exposition ne remplit qu’une pièce. Il faut dire qu’elle met en avant une petite part du riche patrimoine des sœurs de Sainte-Ursule. Le reste dort dans les archives. Depuis leur arrivée à Fribourg en 1634, ces religieuses ont conservé chaque document. Elles ont accumulé différents objets en lien avec leurs activités et leurs croyances.

Une salle d’exposition a été aménagée dans leur demeure principale, en haut de la rue de Lausanne, à Fribourg. Elle a été présentée hier à la presse. Les trésors, conservés dans cette imposante bâtisse qui longe la place Georges-Python, sont d’abord historiques.

Des actes officiels, des comptes minutieusement tenus, des annales qui content année après année la vie des religieuses, des plans de construction, des devis, des actes de profession de foi ou encore des nécrologies, tout a été gardé. Ces documents offrent des indications précieuses sur l’évolution de la communauté, ses convictions, sa place dans la société fribourgeoise et ses activités d’enseignement. Après la fermeture du couvent des ursulines de Porrentruy en 2006, les sœurs fribourgeoises ont encore récupéré quantité de documents qui appartenaient à leurs homologues jurassiennes.

Monumentales tapisseries
Les possessions des religieuses sont également dignes d’intérêt. Dès le XVIIe siècle, les sœurs ont réalisé de nombreux travaux à l’aiguille. Deux monumentales tapisseries n’ont pu être intégrées à l’exposition. Mais les vêtements liturgiques témoignent déjà de leur habileté. Les sœurs ont également conservé des reliques ou participé à l’élaboration de reliquaires.

L’exposition présente des tableaux de saints, des vases sacrés et même un reste du plancher de la première maison des sœurs de Sainte-Ursule à Dole, en Franche-Comté. L’exposition a été installée dans une ancienne chapelle qu’il a fallu vider de ses bancs et de son confessionnal. Un coin pour les prières rappelle la vocation première de l’endroit. Une tenture, tissée par une sœur centenaire à partir d’un dessin de Yoki, agrémente cet espace de recueillement.

Issue d’une famille de juristes de Dijon, Anne de Xainctonge acquit très tôt la vocation de fonder une congrégation qui se vouerait à l’éducation chrétienne

Les religieuses affirment avoir monté cette exposition pour «partager avec». Elles visent notamment les écoles et ont prévu un local ludique à cet effet. Pour concevoir la salle de musée, elles se sont entourées de professionnels de la branche. La partie permanente rappelle quelques moments importants de l’histoire du couvent. Une exposition temporaire est consacrée à la vie quotidienne des religieuses. Elle est appelée à être modifiée régulièrement.

Près de 400 ans d’histoire
Dès l’entrée, le visiteur est arrêté par le portrait de la fondatrice de la Compagnie de Sainte- Ursule. Issue d’une famille de juristes de Dijon, Anne de Xainctonge acquit très tôt la vocation de fonder une congrégation qui se vouerait à l’éducation chrétienne, particulièrement celle des femmes et des pauvres. 
Une lettre manuscrite d’Anne de Xainctonge est exposée à Fribourg.

Vingt-huit ans après l’ouverture de cette première communauté, douze ursulines se réfugient dans la cité des Zaehringen. Elles viennent de Porrentruy et fuient la guerre de Trente Ans. Différents documents rapportent leurs difficultés à obtenir une reconnaissance officielle.

Les actes de réception, en parfait état, témoignent des nombreuses conditions posées par les autorités. Deux volumes des annales, qui rendent compte d’événements marquants, ont été sortis des archives. En 1798, les religieuses sont délogées de leur domicile par les troupes françaises. Elles sont recueillies à l’abbaye cistercienne de la Maigrauge et devront reconstruire leur couvent à partir de 1804. Après la guerre du Sonderbund en 1847, les sœurs seront forcées de cesser d’enseigner pendant plusieurs mois.

L’Etat s’empare de leurs biens, disperse leurs élèves et ne leur accorde qu’une subvention de subsistance. Le quotidien des sœurs se lit à travers les listes d’élèves, les décisions du conseil de congrégation, les commentaires des règles ou encore les livres de prière. Depuis 1634, la nécrologie de chaque religieuse décédée a été écrite et conservée. Ainsi apprend-on qu’en 1639 une peste noire sévissait dans la ville. Cette maladie serait la cause du premier décès d’une ursuline à Fribourg.

Cette exposition sera inaugurée samedi prochain à 15 h. Elle sera ouverte au public le lendemain, puis chaque dernier samedi du mois de 14 h à 17 h. Pour les groupes et les écoles, des visites peuvent être organisées sur demande.


Historique

1606. Anne de Xainctonge fonde la Compagnie de Ste-Ursule à Dole, en Franche-Comté.
1634. Le 27 mars, douze sœurs arrivent à Fribourg. Elles sont d’abord logées à la rue de Morat. Très vite, elles ouvrent des classes pour enseigner aux filles.
1638. Les religieuses déménagent dans une maison en haut de la rue de Lausanne, en face de l’actuel Evêché.
1646. Demande de réception acceptée conditionnellement par les autorités.
1653. Construction de l’église par l’architecte et sculpteur Jean-François Reyff.
1677. Admission officielle des sœurs par les autorités. Le bâtiment longeant l’actuelle place Georges-Python est construit.
1678. Edification du second corps de logis qui longe la rue des Alpes. Le couvent a désormais la forme d’un U avec une cour intérieure sur le modèle des bâtiments jésuites.
1905. Construction du centre spirituel Ste-Ursule à l’angle de la rue des Alpes.
2012. La communauté fribourgeoise compte 53 sœurs et une novice. La plupart a largement dépassé l’âge de la retraite.

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