Sur scène, un Romain Gary qui promet

Vendredi, Bruno Abraham-Kremer racontera Romain Gary, dans une adaptation de La promesse de l’aube.

par Yann Guerchanik

En russe et à l’impératif, Gari veut dire «brûle!». Avant qu’il ne s’éteigne d’une balle dans la gorge en 1980, Romain Gary vécut mille vies et s’en inventa presque autant dans une œuvre littéraire bouillonnante. Bruno Abraham-Kremer animera quelques-uns de ses visages vendredi soir à la salle CO2.

L’acteur jouera La promesse de l’aube, qu’il a adaptée et mise en scène avec Corine Juresco. Seul sur scène, il campe les protagonistes du roman paru en 1960. La promesse de l’aube, c’est un bout de la vie de Roman Kacew. L’histoire d’un héros, de Wilno à Paris, en passant par Varsovie et Nice, qui promet à sa mère de devenir tout ce qu’elle attend de lui.

«Mon fils sera ambassadeur de France, chevalier de la Légion d’honneur, grand auteur dramatique…» scande le comédien en arborant les traits de cette mère qui voit grand. Roman Kacew finit par devenir l’inénarrable et mystificateur Romain Gary. Un aviateur, un compagnon de la Libération, un diplomate, un écrivain. Un résident à Sofia, La Paz, Los Angeles.

Un auteur haut en couleur
Deux anecdotes pour dire cet auteur haut en couleur. Romain Gary est le seul à avoir obtenu deux fois le prix Goncourt. Le seul, pour la simple et bonne raison que la chose est proscrite. Mais l’écrivain n’avait pas son pareil pour faire vivre son double, Emile Ajar, aussi bien qu’il le faisait écrire.

Autre histoire: Romain Gary se marie avec Jean Seberg, l’inoubliable Patricia d’A bout de souffle, de Jean-Luc Godard. Quelques années plus tard, un Amerloque lui dispute sa belle. Romain Gary provoque en duel Dirty Harry en personne. Clint Eastwood déclinera poliment.

Dans La promesse de l’aube, l’auteur se raconte en intercalant des éléments fictionnels entre les passages autobiographiques. Un procédé qui parle à Bruno Abraham-Kremer. Ce dernier s’était notamment illustré dans Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, une pièce qu’Eric-Emmanuel Schmitt lui avait écrit sur mesure.

Le comédien avait également marqué les spectateurs dans L’Amérique de Serge Kribus. Une pièce qui a remporté un grand prix spécial du jury aux Molières de 2006. Autant dire que, vendredi soir, Bruno Abraham-Kremer sera un Romain Gary qui promet.

La Tour-de-Trême, salle CO2, vendredi 12 octobre, 20 h 30. Réservations: Office du tourisme de Bulle, 026 913 15 46, www.labilletterie.ch

 

 

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