Mathias Enard, à Tanger, un rêve de liberté

Tout ce que veut Lakhdar, c’est «être libre de voyager, de gagner de l’argent, de me promener tranquillement avec ma copine, de baiser si j’en ai envie, de prier si j’en ai envie, de pécher si j’en ai envie et de lire des romans policiers si ça me chante». Une vie normale, quoi. Mais qui ne va pas de soi au Maroc, malgré le «printemps arabe» qu’il observe de loin. Quand ce jeune Tangérois est surpris nu en compagnie de sa cousine, il est chassé de chez lui, répudié. Et devra bien se débrouiller seul.

Avec Rue des voleurs, Mathias Enard réussit une forme de miracle: un mélange entre une trame narrative fort bien troussée, une langue acérée et un arrière-plan politique d’une vive actualité. L’auteur de Zone (2008) fait preuve d’une aisance sidérante avec ce narrateur à la fois terre à terre et rêveur, épris de liberté. Nourrie aussi bien de textes classiques arabes que de polars, l’intensité de Rue des voleurs ne fait que s’accroître dès cet incipit parfait: «Les hommes sont des chiens…» Un bel exemple de roman en prise directe avec la réalité, qui démontre une nouvelle fois que la littérature n’a pas d’équivalent pour parler du monde d’aujourd’hui.

Eric Bulliard

Mathias Enard
Rue des voleurs
Actes Sud, 256 pages
notre avis: ♥♥♥

 

 

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