Thierry Luterbacher: des blancs à combler

Thierry Luterbacher aime les personnages en marge, qu’ils soient joyeux loser (Le sacre de l’inutile, 2009), fugitif permanent (Evasion à perpétuité, 2011) ou en décalage constant (Dernier dimanche de mars, 2014). Dans Desperado, l’auteur du Jura bernois met à nouveau en scène un héros hors cadre et hors normes. Hors la loi, même.

Quand il se réveille dans une chambre blanche, le narrateur ne sait plus qui il est ni où il se trouve. Arrive une jeune femme qui se présente comme sa fille. L’homme sans mémoire va tenter de reconstruire son passé en découvrant qu’il a la police 
(et pas seulement elle) aux trousses.

Entre polar rock’n’roll (une épigraphe annonce que «la musique de ce livre est de Neil Young et de John Lennon») et quête d’identité, le roman manie avec habileté émotion, onirisme et sens du suspense. Thierry Luterbacher a le sens de l’image surprenante, fulgurante («débordant de tant de tristesse que le soleil a eu froid»). Mais son écriture généreuse touche davantage quand elle vise la simplicité («Je ne voulais pas m’arrêter avant d’arriver là où ça sentait bon») que quand elle se laisse emporter: «Mon ventre a servi de tremplin aux pleurs qui ont rebondi dans ma tête déversant le trop-plein par mes yeux en me secouant comme si je tenais un marteau-piqueur qui me faisait des trous au cœur.»

Par Eric Bulliard

Thierry Luterbacher, Desperado – La cendre des gestes, Bernard Campiche, 200 pages

Posté le par Eric dans Littérature, Livres Déposer votre commentaire

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