Le dernier roman de Marie Darrieussecq fait froid dans le dos. Comme de nombreux autres écrivains en cette rentrée littéraire, elle écrit un livre de science-fiction, mais la technologie génétique à l’œuvre dans Notre vie dans les forêts est suffisamment proche de nos possibilités réelles pour faire peur. Une femme écrit son journal dans une forêt. Elle n’a plus qu’un œil, et vit avec sa moitié. Sa moitié? Un clone. Offert par ses parents, comme une sorte d’assurance vie, conçu pour fournir des organes de rechange en cas de besoin. Un corps allongé dans un lit d’hôpital. A qui elle rendait visite dans son adolescence et dont la rencontre fut un choc. Avant, elle était psychologue et connut un patient qui la rendit curieuse. Peut-être un peu trop.
Avec ce roman d’anticipation, Marie Darrieussecq suit les codes du genre, et nous plonge dans un univers futuriste angoissant. Qu’est-il arrivé à la narratrice? Que fait-elle, planquée dans une forêt? Si abîmée? Ses techniques psychologiques reflètent les dernières tendances en matière thérapeutique – Marie Darrieussecq est psychanalyste –, mais une recherche de l’efficacité poussée à l’extrême fait écho à la préoccupation qui sous-tend le roman. Est-il bon de faire tout ce dont la science est capable?
Par Laurence de Coulon
Marie Darrieussecq, Notre vie dans les forêts, P.O.L., 192 pages