Il y a d’abord ces chasseurs de trésors qui retrouvent au large de la Sicile l’épave inattendue d’un somptueux yacht renfermant d’immenses richesses… et des créatures venant du fond des âges. Puis une virée dans les îles Bikini qui tourne en remake d’un été au Camp Crystal Lake, un vendredi 13. Enfin, cet écrivain qui déteste sa voisine pianiste, au point de lui jeter un sort, juste pour rire… Trois ouvrages, trois équipes créatives, mais un seul enjeu: montrer une face de l’enfer et inspirer un peu de peur à leurs lecteurs.
Produire des récits basés sur la terreur ou le gore est une gageure en bande dessinée: difficile de créer la surprise quand l’œil anticipe involontairement les cases qui suivent. Et puis, les histoires d’horreur constituent une spécialité américaine – on pense aux anciens EC comics comme Les Contes de la crypte – et le genre est difficile à renouveler. Alors, quand l’éditeur Glénat décide de lancer pour de bon sa collection Flesh & Bones («Chair et os») avec trois nouvelles sorties réalisées principalement par des auteurs hexagonaux, cela a de quoi titiller.
Chacun des récits s’inscrit dans une catégorie particulière: le «slasher» écologique avec Bikini Atoll, par Bec et Khattou, le plus convenu des trois; la malédiction qui se retourne contre celui qui l’a jetée (Le Signe, par Thirault et Garcia) et enfin l’histoire de monstre (l’intéressant Sonar de Runberg et Chee Yang Ong). Trois plongées dans le sang au synopsis très simple – une règle du genre – que les auteurs enrichissent par une caractérisation approfondie des personnages, parfois au détriment du suspense.
Au final, ces récits d’horreur à la française avec des recettes américaines constituent une petite mayonnaise qui ne demande qu’à monter.
Par Romain Meyer
Christophe Bec et Bernard Khattou, Bikini Atoll; Sylvain Runberg et Chee Yang Ong, Sonar; Philippe Thirault et Manuel Garcia, Le Signe, Glénat.