Le monde de la musique se divise en deux: ceux qui font du metal et ceux qui n’ont rien compris. Et parmi les premiers nommés, certains pratiquent même le nu metal, qui n’a rien à voir avec des naïades (ou des bellâtres d’ailleurs) en tenue d’Eve (ou d’Adam d’ailleurs). Non, le nu metal est un sous-genre alternatif du metal, savant mélange de rock sous amphétamine et de hip-hop, de fusion, de grunge, de chansons à texte (enfin, presque).

Actif depuis 1988, Deftones est un pilier du nu metal, comme le furent jadis Jane’s Addiction, Primus, Helmet ou Korn. Sauf que les gars de Sacramento continuent de publier des albums très inspirés, à l’image de Gore, leur huitième merveille. Dès les premières mélodies de Prayers/Triangles, le groupe balance entre ballade et gros son, entre notes piquées et gros riff. Sur les quatorze titres, la voix de Chino Moreno alterne entre le mode crooner et le genre Cri d’Edvard Munch. Malgré la mort du bassiste Chi Cheng (en 2013, après cinq ans de coma), Deftones continue de produire un metal mainstream sans concession et très cohérent. Du nu metal grande classe, audible même par ceux qui n’ont rien compris.

Par Christophe Dutoit

Deftones, Gore, Reprise Records