Sandrine Collette: un roman rude comme les steppes

Sandrine-ColletteAprès la montagne de Six fourmis blanches (2015), les steppes de Patagonie. Sandrine Collette a l’art de placer ses thrillers au cœur d’une nature hostile et de rendre ce cadre étouffant malgré les étendues infinies. Dans Il reste la poussière, elle explore encore les tréfonds malsains de l’âme humaine. Avec une histoire de frères tortionnaires, comme dans Des nœuds d’acier, qui l’a révélée début 2013. Ne pas en conclure qu’elle se répète: ce nouveau roman, d’une intensité qui ne faiblit pas, confirme son originalité.

Rafael, le petit dernier d’une famille d’éleveurs, est malmené par ses frères. Le père a disparu. La mère «née un peu avant les grandes sécheresses de la deuxième moitié du XIXe siècle» ne dit rien. Dans cet univers de violence noire, Rafael tente de se faire une place et de ne pas perdre ses dernières étincelles de vie. De son écriture âpre, Sandrine Collette excelle à montrer ce «sol si aride que la rocaille s’est fendue»: «Malgré les effluves enivrants du foin, la poussière le fait tousser, poussière de terre ramassée au pied des herbes dont elle est indissociable, car ici, quoi que l’on fasse, elle est toujours là sous les sabots des chevaux, derrière les charrettes, au cul des vaches.»

Par Eric Bulliard

Sandrine Collette, Il reste la poussière, Denoël, 304 pages

 

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