Une malencontreuse fuite de gaz lors d’une fouille paléontologique et hop! voilà un groupe de six malheureux propulsé dans l’espace avec un phare comme unique lieu d’habitation. Entre un savant maladroit, un Anglais bredouillant, deux étudiantes ingénues, un gardien misanthrope et un escroc parfaitement insupportable, le voyage s’annonce long et déroutant. Sans compter que la nourriture se limite à des boîtes de petits pois-carottes et des sardines à l’huile et qu’il n’y a qu’un lit pour tous…

Le voyage improbable raconte l’histoire de cette cohabitation d’ego cosmiques, à la fois hommage aux classiques des voyages interplanétaires, de Méliès à Hergé, mais aussi clin d’œil à la folle conquête de l’espace. On y voit par exemple la chienne Laïka – le premier être vivant mis en orbite autour de la terre, en 1957 – en pleine santé (et on apprend au passage que le Spoutnik se pêche à la ligne). Surtout, on retrouve l’univers absurde et élégant de Turf. L’auteur de La Nef des fous propose une histoire en deux tomes aux dialogues saillants et aux situations décalées, entre onirisme cosmique et réalisme des pâquerettes. C’est plein de non-sens, irritant, nostalgique, acidulé et donc parfaitement bon.

Par Romain Meyer

Turf, Le voyage improbable – Seconde partie, Delcourt