Il aime la nature rugueuse, trouve les mots pour en raconter les beautés quasi mystiques. En particulier celle de sa Caroline du Sud natale, qu’il fouille sans relâche. Après le succès d’Une terre d’ombre (2014) et des nouvelles d’Incandescences (2015), les Editions du Seuil publient un roman plus ancien de l’excellent Ron Rash (né en 1953), inédit en français.
Paru aux Etats-Unis en 2004, Le chant de la Tamassee s’inspire d’un dramatique fait divers qui s’est déroulé en 1999 sur la Chattooga River (devenue la Tamassee dans le roman), une rivière sauvage de Caroline du Sud. Sauvage au point qu’elle en porte un label de protection, le seul dans cet Etat. En vacances avec ses parents, une jeune fille se noie et les autorités ne parviennent pas à récupérer son corps. Son père veut alors employer la manière forte: détourner la rivière à l’aide d’un barrage provisoire. La loi l’interdit et les écologistes locaux comptent bien la faire respecter.
Photographe de presse, la narratrice est envoyée sur place, dans sa région natale, pour couvrir le fait divers en compagnie d’un séduisant reporter. Confrontée à son passé dans ces contrées reculées où rien ne change, elle retrouve son père, malade, ainsi que des camarades d’enfance et surtout Luke, son ex-petit ami. Le meilleur connaisseur de la rivière et son plus ardent défenseur.
Dans une tension croissante, parallèle à celle qui naît entre les habitants du village, le roman s’interroge sur la protection de l’environnement et pose la question de ses limites. Et Ron Rash, alors qu’il ne s’agissait que de son deuxième roman, confirmait déjà son talent pour évoquer la nature, sa puissance «sacrée et éternelle».
Par Eric Bulliard
Ron Rash, Le chant de la Tamassee, Seuil, 252 pages