Tout ce qui peut rappeler la grandeur de Mano Solo est bienvenu. A travers ce double album qui prolonge un spectacle, Les Hurlements d’Léo rendent hommage à cet immense auteur-compositeur-interprète, disparu en 2010. Vingt-six titres puisés pour l’essentiel dans les premiers albums, les plus déchirants. Pas grand-chose à reprocher au choix des morceaux, où Mano Solo chante comme personne la galère, la rage, le Paris des petits matins, la mort qui plane et donne envie de bouffer la vie. Il y a là Le monde entier, Allez viens, Les habitants du feu rouge, Sacré cœur, On boira de la bière, Pas du gâteau, Trop de silence, Tu t’envoles… Des valeurs sûres, incontournables. Tout au plus peut-on regretter que manque le chef-d’œuvre Je suis venu vous voir.

Les Hurlements d’Léo et leurs invités (Les Ogres de Barback, Babylon Circus, Romain Humeau, Bertrand Cantat, Zebda, Nilda Fernandez…) restent plutôt fidèles aux chansons originales. Et l’hommage paraît solide, sincère, réussi. D’où vient alors ce sentiment étrange de ne pas tout à fait ressentir la puissance de Mano Solo? C’est qu’il manque sa voix, ses tripes, cette évidence que c’était pour de vrai quand il hurlait: «Y’en a qui croient qu’ils ont touché le fond, mais ils ne savent pas qu’il y a toujours plus profond que le fond… et c’est là qu’on habite!»

Par Eric Bulliard

Les Hurlements d’Léo chantent Mano Solo, Irfan