Il y a de la délicatesse, une recherche constante de justesse dans toute l’œuvre d’Eric Holder (près de trente livres en trente ans). Un regard tendre, aussi, sur le monde et ses personnages volontiers en marge. Installé depuis quelques années dans le Médoc, il prend régulièrement sa région d’adoption pour cadre de ses romans: La saison des Bijoux se déroule aussi sur les rives de l’Atlantique.

Un couple de Lyonnais, Jeanne et Bruno, décident de «faire une saison» au marché de Carri, un village balnéaire où ils espèrent vendre des bijoux. Autour d’eux s’agite tout un monde de marchands, de camelots, d’artisans ou de maraîchers. Il y a là Nanou Primeurs, Fromage, Château-Migraine et surtout Forgeaud, le boss du marché, qui ne tarde pas à convoiter Jeanne.

Portraitiste raffiné, Eric Holder signe une chronique pleine de charme en évoquant cette société méconnue des marchands ambulants. Il excelle aussi à dire «l’air tiède», «le chuintement du ressac», «l’écume éteinte, grise et qui sentait le varech». Pas d’excès de lyrisme ni de folle péripétie: La saison des Bijoux est un roman en équilibre, attachant et profondément humain.

Par Eric Bulliard

Eric Holder, La saison des bijoux, Seuil, 320 pages