Régis Jauffret: contes cruels de la vieillesse

JauffretDepuis quelques années, Régis Jauffret a mis ses mots tranchants au service de romans inspirés de faits réels: l’affaire Stern pour Sévère (2010), la séquestration d’une jeune femme par son père, Josef Fritzl, pour Claustria (2012), DSK pour La ballade de Rikers Island (2014). Mais, avant ces romans qui l’ont fait connaître du très grand public, l’écrivain français avait déjà une œuvre passionnante, où son sens de l’observation du quotidien fait merveille (Clémence Picot, Univers, univers, Asile de fous…), comme c’est à nouveau le cas dans Bravo.

En un «roman mosaïque» sont réunies seize brèves fictions qui ont pour points communs des héros âgés. «Hommage aux êtres qui ont dépassé le cap de la soixantaine et habitent désormais ce continent gris peuplé d’humains d’hier que dans ma jeunesse on appelait les petits vieux», écrit Régis Jauffret dans la préface, lui qui fêtera ses 60 ans dans quelques semaines.

De son écriture toujours aussi affûtée, il explore ce «continent» avec un humour ravageur, souvent cruel, ballottant des personnages tour à tour ignobles et attachants. Tous voient approcher la mort, se souviennent de leur passé ou profitent de leurs derniers instants pour vivre «une vieille histoire d’amour de vieux, quelque chose d’attendrissant, de chaud, que la mort enverra se faire foutre avec sa tendresse de chasse d’eau».

Par Eric Bulliard

Régis Jauffret, Bravo, Seuil / 288 pages

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