Iegor Gran: prénom maudit

GranIl s’appelle Kevin, ce n’est pas de sa faute. C’était une mode: «Kevin pense amèrement qu’il n’a été qu’un épiphénomène, comme le Rubik’s Cube ou les disques de Jordy.» Aujourd’hui, il doit bien vivre avec. Et même s’il aime Proust, Céline et Deleuze, il sait où est sa place: «Un Kevin ne peut pas, n’a pas le droit d’être un intellectuel. Il peut être prof de muscu, vendeur d’imprimantes, gérant de supérette, mais intellectuel – impossible.» Vendeur d’espace publicitaire dans une radio, Kevin H. décide de se venger des intellectuels et des hommes de lettres: il leur fait miroiter une publication dans une grande maison d’édition, flattant leur égo et leur «mythomanie légère». Jusqu’à ce que l’un de ses mensonges dérape.

Avec La revanche de Kevin, le Français Iegor Gran poursuit dans la veine satirique qui lui a valu le Grand prix de l’humour noir en 2003, pour ONG! L’auteur de L’écologie en bas de chez moi (2011) n’a pas son pareil pour égratigner ses contemporains. Au-delà de ses réflexions fort drôles sur les difficultés à s’appeler Kevin, ses descriptions du milieu littéraire et médiatique se révèlent savoureuses. Au point que l’on regrette qu’il n’ait pas davantage développé son propos, au lieu d’accélérer le rythme par une succession de coups de théâtre.

Par Eric Bulliard

Iegor Gran, Le revanche de Kevin, P.O.L., 192 pages

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