Carmen Consoli, la légèreté trompeuse

ConsoliDans La Repubblica, un jury de critiques a élu en 2010 son précédent album, Elettra, parmi les dix meilleurs disques italiens de la décennie. La même année, elle devenait la première femme à recevoir le prix Tenco, la plus prestigieuse récompense transalpine destinée aux chanteurs (et désormais aux chanteuses…) à texte. Carmen Consoli succédait à Fabrizio De André, Paolo Conte, Francesco De Gregori ou encore Pino Daniele. Bref, la Sicilienne est l’égale des plus grands, alors qu’elle reste ignorée de ce côté des Alpes.

A 41 ans, la revoici avec L’abitudine di tornare, huitième album studio, qui délaisse le folk pour des couleurs pop-rock et quelques discrètes touches électro. La Consoli n’a en revanche rien perdu de sa pertinence dans l’observation de son pays et de sa société actuelle. Aux côtés de chansons d’amour sucrées (San Valentino), elle évoque la mafia (Esercito silente, avec ce refrain poignant: «Qui sait si le Bon Dieu pardonnera le silence?»), les immigrants qui débarquent en Sicile (La notte piu lunga et sa douce mélodie trompeuse), sans éviter des sujets encore souvent tabous sur son île: la violence faite aux femmes (le terrifiant La signora del quinto piano) ou l’homosexualité (Ottobre). Le tout sous des airs légers et d’une voix troublante, à découvrir d’urgence.

Par Eric Bulliard

Carmen Consoli, L’abitudine di tornare, Universal

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