Hundertwasser, un univers de rêves et de couleurs

Le Musée Giger propose un étonnant voyage dans le monde onirique de Friedensreich Hundertwasser, à travers son œuvre de graveur.

Expo de Friendensreich Hundertwasser © C.H.
Par Eric Bulliard
Une trentaine de gravures pour plonger dans un univers coloré, onirique, halluciné. Ce monde étrange est celui de Friedensreich Hundertwasser, artiste viennois disparu en 2000 (lire ci-dessous), que le Musée Giger, à Gruyères, présente jusqu’en février dans sa galerie dédiée aux expositions temporaires.

Qualifier Hundertwasser de Viennois n’a rien d’anodin: son œuvre est balayée par le souffle de la Sécession viennoise, en particulier de Klimt, le plus illustre représentant de ce courant de l’Art nouveau. Bien que largement autodidacte, Hundertwasser dialogue en effet volontiers avec l’histoire de l’art: on trouve aussi, çà et là, des échos de Klee ou de Picasso dans Les larmes de l’artisteExpo de Friendensreich Hundertwasser © C.H. (1974), par exemple, troublant portrait au regard perdu. Et la chaise de la magnifique Ile des désirs perdus (1977), la plus émouvante des gravures présentées à Gruyères, n’est pas sans rappeler celles de Van Gogh.

Malgré ces références plus ou moins conscientes et marquées, Friedensreich Hundertwasser demeure un artiste à part. Privilégiant les couleurs primaires, son art se révèle dense et pimpant, vif et tourbillonnant. Des motifs reviennent régulièrement, tout au long de ses trente ans de gravure (de 1967 à 1997): les spirales, les cercles concentriques, les carrés, les fleurs stylisées, les lèvres, les yeux, ou encore les élans vers le ciel.

Parfois, les obsessions de son monde intérieur laissent place à des références concrètes, comme ce Bärnbacher andacht (1987), représentation de l’église Sainte-Barbara de Bärnbach (Autriche), conçue par Hundertwasser. Le bulbe du clocher devient aussi une figure récurrente, tout comme les bâtiments, les fenêtres, les villes, qui reflètent son activité d’architecte.

De Venise au Japon
Ailleurs, le renvoi est biographique et rappelle les voyages de l’artiste: la deuxième salle présente les œuvres les plus sobres et les plus touchantes, toutes réalisées au Japon, alors que la troisième, plus clinquante, rappelle ses séjours à Venise.

hundertwasserLà encore, l’histoire de l’art n’est jamais loin, comme dans Un jour de pluie avec Walter Kampmann (1969), artiste décédé en 1945, dont Hundertwasser revendique l’influence. Comme pour rappeler que son art se nourrit de ceux qui l’ont précédé. Mais aussi d’idées foisonnantes qui n’ont pas fini de surprendre le spectateur, happé par cet univers profondément singulier.
Gruyères, Musée Giger, jusqu’en février, tous les jours, 10 h-18 h. www.hrgigermuseum.com

 

Un architecte pionnier

Né Friedrich Stowasser, il a pris pour nom d’artiste Friedensreich Hundertwasser Regentag Dunkelbunt LiebeFrau. C’est dire s’il aimait la simplicité. Hundertwasser (1928-2000) a laissé une œuvre de peintre, graveur, dessinateur, architecte, théoricien… Pionnier de l’écologie, il n’a cessé de penser l’architecture en lien avec ses préoccupations environnementales.

Grand voyageur, polyglotte, artiste autodidacte (malgré quelques mois passés aux Beaux-Arts à Vienne, sa ville natale), Friedensreich Hundertwasser a conçu des hôtels, des centres thermaux, des églises et même des toilettes publiques avec le même refus de la ligne droite. Parmi ses bâtiments célèbres figure la Hundertwasser Haus, à Vienne, avec ses couleurs, ses planchers irréguliers, ses toits végétalisés…

La maison se situe à quelques encablures du KunstHausWien, le musée que Hundertwasser a fondé en 1991. Il est mort d’une crise cardiaque sur le paquebot Queen Elizabeth II, alors qu’il rentrait de Nouvelle-Zélande où il s’était installé.

hundertwasserhaus

 

 

Posté le par Eric dans Beaux-Arts, Exposition Déposer votre commentaire

Ajouter un commentaire