Cavanna, en homme libre et debout

Cavanna est mort. Des mois, des années que l’on redoutait de lire ou de devoir écrire ces trois mots, un jour. Et voilà: à près de 91 ans, «Cavanna tire un trait», comme a titré Libé.

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Parmi les hommages tombés depuis jeudi, celui de Denis Robert interpelle: le journaliste est en train de finir un film sur le fondateur des magazines satiriques Hara Kiri et Charlie Hebdo. Parce qu’il a constaté, dans une école de journalisme, qu’à peine un étudiant sur dix le connaissait. Grand Dieu! On parle de l’immense Cavanna, quand même! «Un des derniers honnêtes hommes de ce siècle pourri, l’inventeur de la seule nouvelle forme de presse en France depuis la fin de l’amitié franco-allemande en 1945», selon Desproges.

cavannablog25Cavanna a secoué les années 1960-1970 comme personne. En passant, arrêtons les «on n’oserait plus publier ça»… Comme si sous de Gaulle et Pompidou, la parole était plus libre. A Hara Kiri, ils ne se posaient pas la question. Ils fonçaient comme des bêtes… et se retrouvaient au tribunal. Mais debout.

Dans la bande des Choron, Reiser, Wolinski, Cabu, Cavanna était le grand frère qui montrait la voie: «L’humour est un coup de poing dans la gueule. Rien n’est tabou, rien n’est respectable.» Fils de maçon italien, il avait, comme tant d’autodidactes, une soif d’apprendre et un goût pour la langue française qui a éclaté dans ses romans. Si vraiment certains ne connaissent pas Cavanna, qu’ils lisent ces merveilles: Les Ritals, Les Russkoffs ou Lune de miel, paru en 2010. Ils y découvriront un auteur plein de tendresse, d’une extraordinaire vivacité, d’une fraîcheur revigorante. Et comprendront que c’était beau, un monde où Cavanna était vivant.

par Eric Bulliard

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