Jean-Philippe Toussaint, de miel et de cendres

toussaintLa rumeur le cite parmi les favoris du Goncourt, mais il ne faut jamais croire les rumeurs. N’empêche que Nue ferait un magnifique lauréat. Et si récompense il devait y avoir, elle ne couronnera pas un livre, mais l’ensemble d’un cycle romanesque que Jean-Philippe Toussaint clôt avec cet envoûtant dernier épisode.
Cet ensemble, l’écrivain belge l’a intitulé Marie Madeleine Marguerite de Montalte. Débuté en 2002 avec Faire l’amour, il s’est poursuivi avec Fuir (2005) et La vérité sur Marie (2009). Chaque roman se lit aussi indépendamment, même si le plaisir ne peut que croître en découvrant les liens qui se tissent de livre en livre.
Nue reprend le fil des amours contrariées entre le narrateur et Marie, créatrice de haute couture. La voici à un défilé à Tokyo, où elle présente une inédite robe de miel. Humour tranquille, onirisme subtil: tout l’art du décalage de Jean-Philippe Toussaint resurgit d’emblée.
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Après cette sidérante scène d’ouverture, on retrouve le couple de retour de l’île d’Elbe, qu’ils ont quittée après un incendie. Chacun rentre chez soi. Il attend qu’elle l’appelle, ressasse des souvenirs. Et son insaisissable Marie va le recontacter, pour lui demander de retourner sur l’île d’Elbe. Au-delà de ces péripéties, l’intérêt de Nue se situe surtout dans cette prose lumineuse, cette langue musicale qui émerveille par son naturel et sa fluidité. Un Goncourt (ou un Femina) pour Jean-Philippe Toussaint aurait des allures de prix d’élégance.

par Eric Bulliard
Jean-Philippe Toussaint
Nue
Minuit, 176 pages

 

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