Olivier de Benoist, l’humour osé, fleuri et imagé

Olivier de Benoist photo 1 G. Perruchon-2En défenseur des hommes face au diktat féminin, Olivier de Benoist se retrouvera lundi 18 mars sur la scène de la salle CO2 de La Tour-de-Trême.

par Valentin Castella
Cheveux ébouriffés, chemise et pantalon noirs, la main droite dans la poche, l’autre accrochée à sa ceinture. D’un air penaud, il débarque sur scène pour lancer son «bonsoir». Il lève la tête et commence son histoire avec son célèbre «l’autre jour». Les adeptes de l’émission On ne demande qu’à en rire l’auront reconnu: il s’agit du taulier ODB. Pour les autres, cet homme s’appelle Olivier de Benoist, un humoriste qui se retrouvera lundi soir sur la scène de la salle CO2 de La Tour-de-Trême. Le public fera alors face à un humoriste passé des salles vides au statut d’incontournable en moins de deux ans.

Sa recette? Elle est aussi simple qu’efficace: il traite de l’éternel thème des hommes et des femmes. Bateau pourrait-on penser. Sauf que le Français de 38 ans fait preuve d’une telle imagination dans ses textes que le sujet paraît frais et encore jamais traité. Interview d’un homme qui n’a pas peur de se dresser avec une inconditionnelle mauvaise foi face au diktat féminin.

On vous connaît sous vos airs faussement macho. Mais qui se trouve derrière ce personnage?
Je ne cache pas grand-chose. J’exagère simplement le comportement des femmes. Dès mon enfance, j’ai été élevé dans un univers masculin. Mon rapport avec la gent féminine a été difficile, d’autant plus que la première femme que j’ai vue nue était une coupe transversale à l’école, dans un livre de science. Et puis, je me suis marié. Tous les feux étaient au rouge. Alors, pour éviter d’en mourir, j’ai préféré en rire.

Une attitude sur scène qui ne vous empêche pas d’être populaire auprès de ces dames…
Les femmes savent que mon côté misogyne est juste de la mauvaise foi. Et puis, j’ai parfois l’impression que je véhicule une bonne image et que les gens seraient prêts à me donner le bon Dieu sans confession.

Je parle parfois de choses très crues. Mais je le fais toujours d’une façon élégante.

Est-ce pour cette raison que vous vous permettez quelquefois d’aller très loin dans vos sketches?
Oui, je parle parfois de choses très crues. Mais je le fais toujours d’une façon élégante. Avec mon coauteur Vincent Leroy, on s’est toujours donné une ligne directrice. On peut être très durs dans les images, se retrouver dans des situations improbables, sans jamais prononcer un mot vulgaire. Il n’y a donc aucune limite. Le principal est que ça me fasse rire et que ça ne blesse pas les gens. Je n’aime pas l’humour méchant et gratuit.

Depuis vos débuts dans l’émission On ne demande qu’à en rire, vous avez imposé votre style et installé certaines habitudes, comme les «bonsoirs», «l’autre jour»… Un joli plan marketing?
C’est vrai, que les spectateurs se sont rapidement identifiés. Mais ce n’était pas mon objectif. Ces codes se sont installés progressivement. Si je prends par exemple les histoires sur ma femme ou ma belle-mère, j’ai vu que cela avait eu un impact direct sur le public et j’ai continué. C’est comme ma façon de parler faux, de manière exagérée. Je l’ai fait une fois et cela m’a fait marrer. Ma main dans la poche, c’est simplement parce que je ne savais pas où la mettre…

Justement, le public serait-il déçu si vous n’abordiez plus ce thème?
C’est toute la problématique de mon deuxième spectacle prévu en novembre. Il faut donner aux gens ce qu’ils attendent, mais qu’ils soient tout de même surpris, pas qu’ils ressortent de la salle en se disant que c’était la même chose que la dernière fois. Il faut trouver le juste milieu. C’est pour cette raison que je vais aborder un nouveau thème. Jusque-là, j’étais en guerre contre la gent féminine. Mais, je vais finalement perdre ce combat et vivre sur un territoire occupé.

Quelle est la question qu’on ne vous a jamais posée?
Peut-être «que se serait-il passé sans Ruquier?» Pour être franc, je préfère ne pas trop y penser. Car tout a changé grâce à son émission. J’ai l’immense chance d’être très lucide par rapport à ma situation. J’ai vécu huit ans sans succès et tellement ramé pour en arriver là que je travaille comme un fou pour que cela continue. Avant, j’étais persuadé qu’on pouvait réussir sans la télévision. Maintenant, je pense le contraire.

Un petit mot sur la Suisse?
J’ai peut-être joué devant 12000 personnes en Suisse. Et, proportionnellement à la population romande, c’est la région où je me suis le plus produit. J’aime venir dans cette région, car on comprend vite que les Suisses aiment le texte. Ils sont sensibles au travail et à l’élégance.

 

Le bourgeois devenu bouffon

Les gens l’appellent simplement ODB «parce que Ruquier en avait marre de toujours dire Olivier de Benoist», explique-t-il. Comme son nom l’indique, le Français, originaire de Reims, est issu d’une famille bourgeoise dans laquelle il a grandi avec une «éducation aristocrate, où le savoir-vivre était important».

Alors qu’il se prédestinait à une carrière d’avocat – il a notamment rédigé une thèse sur la protection juridique des tours de magie – il a tout plaqué pour le spectacle et la magie justement. Commence alors la galère: «Parfois, je jouais devant trois personnes. Mais j’ai toujours eu cette foi qui m’a permis de croire en moi. Je ne sais pas pourquoi, mais j’étais persuadé que ça allait marcher un jour.»

Conscient de vivre «dans un rêve» actuellement, Olivier de Benoist semble être resté le même qu’à ses débuts dans l’émission de Laurent Ruquier, la barbe, la reconnaissance et l’assurance en plus. L’homme paraît tellement heureux qu’il ne se prive d’ailleurs pas, pendant l’interview, de réciter le prochain sketch qu’il racontera dimanche devant les divans rouges de Michel Drucker. Juste parce que l’autre personne au bout du fil lui a dit qu’il appréciait ce qu’il faisait. Avec la même voix, les mêmes intonations qu’à la télévision, il se lance. Un privilège! Entre deux éclats de rire, il termine et demande si son texte est drôle. Une légèreté symbolique d’un mec qui se réjouit juste de son succès, sans oublier qu’un jour, il vendait lui-même ses tickets de spectacle.

 

Posté le par Eric dans Humour, Spectacles Déposer votre commentaire

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