Et, pour finir, cette ovation, longue, poignante. Une salle debout, des larmes et des cris, comme un immense merci pour ce parcours qui s’achève. Il régnait un parfum particulier, dimanche, à la première de Rideau!(lire ici un reportage sur les répétitions)Une drôle d’atmosphère où se confondaient le plaisir de découvrir la nouvelle pièce des fondatrices du Théâtre des Osses et l’émotion de savoir qu’il s’agit de leur dernière à Givisiez. à suivre…
Aurélia Thierrée présente Murmures des murs, cette fin de semaine à CO2. Entretien avec cette artiste complète, qui invite au rêve et à l’imaginaire.
Par Eric Bulliard En 2011, Le cirque invisible enchantait la salle CO2, avec l’inclassable mélange de magie, de cirque, de théâtre et de mime créé par Jean-Baptiste Thiérrée et Victoria Thierrée-Chaplin. Vendredi et samedi, leur fille, Aurélia Thierrée, est à son tour invitée à La Tour-de-Trême pour présenter Murmures des murs, son deuxième spectacle (après L’oratorio d’Aurélia), conçu et mis en scène par sa mère. Son invitation au rêve, son voyage imaginaire entre illusion et poésie, cette artiste complète (comédienne, danseuse, acrobate, magicienne…) le présente depuis 2011 du Brésil à la Corée, en passant par les Etats-Unis, la Russie et toute l’Europe. Au bout du fil, Aurélia Thierrée lève un coin de voile sur son art si attachant.
Huit ans se sont écoulés entre L’oratorio d’Aurélia et ces Murmures des murs: est-ce dû uniquement au fait que le premier a longtemps tourné ou est-ce le temps nécessaire pour mûrir une nouvelle création? On ne calcule pas vraiment. Nous avons eu la chance qu’Oratorio continue de vivre pendant toutes ces années et nous avons une devise: le jour où l’on comprend comment fonctionne un spectacle, il faut passer au suivant… Il nous a fallu huit ans pour comprendre complètement Oratorio! Mais Murmures des murs a commencé à germer dans notre imagination au cours de la dernière année. C’est très mystérieux: je ne sais pas combien de temps celui-ci va vivre, ni s’il y aura un prochain et quand il émergera.
Le spectacle ne cesse donc d’évoluer au fil des représentations… Ça reste du théâtre vivant, fragile, basé sur des choses artisanales, qu’il faut faire marcher chaque soir. Elles fonctionnent aussi avec l’imagination du public: c’est un tout qui doit prendre à chaque fois. Une part de ce procédé reste mystérieuse et je la trouve importante. Tout n’est pas complètement contrôlable.
Comment se passe le travail avec votre mère, Victoria Thierrée-Chaplin? J’aurais du mal à le décrire. Mais ça se passe! Elle crée de petits tableaux et, ensuite, elle me met dedans. Mon travail est alors celui d’un détective qui doit trouver le pourquoi du comment. Chercher les indices, lier le tableau au suivant. Nous nous entendons vraiment bien pour les spectacles. J’ai conscience que c’est miraculeux, sinon tout le monde le ferait: si les gens ne travaillent jamais avec leurs parents, il doit y avoir une raison…
Vous laissez une large place à l’imaginaire du spectateur: n’y a-t-il pas le risque que vos intentions soient mal comprises? Non, au contraire, c’est vraiment une collaboration: j’aime que l’on se projette dans ce que je propose. Tant que la réception n’est pas diamétralement opposée à ce que j’ai essayé de faire… Et encore, dans un sens, ce serait aussi intéressant. La collaboration se déroule sur tous les plans: moi avec Victoria, nous sur scène – parce que je ne suis pas seule – et avec le public… J’essaie juste d’être la plus vraie possible dans les situations. Après, chacun les interprète comme il veut.
Etait-ce une évidence de proposer des spectacles muets? Je ne sais pas si c’est un choix conscient. J’ai fait ça depuis toute petite dans les spectacles de mes parents… Je ne vois pas trop la différence: c’est juste un autre langage. Il n’y a pas de parole, mais on utilise tout ce qu’il y a autour pour arriver au même but. Le cirque n’a pas de parole, la danse non plus. Ce sont des choses physiques: peut-être que les mots, par-dessus, seraient de trop.
Du coup, la musique prend une importance particulière… C’est la colonne vertébrale. Elle est super-importante, peut-être que c’est elle, la langue du spectacle… Dans Murmures, il s’agit plus d’une musique d’atmosphère. Elle nous porte, mais on ne doit pas la suivre non plus.
Vous gardez un intérêt marqué pour les objets et les matières (le papier bulle, les cartons…): est-ce par méfiance envers la technologie? Avec des ordinateurs, on ne s’en sortirait pas… Ce serait un cauchemar! Nous avons déjà assez de problèmes avec les objets! Il faut les dresser et ils sont imprévisibles: pratiquement chaque soir, il y en a un qui va casser… J’aime les objets: on les croit inoffensifs, mais ils résistent.
Vous explorez le domaine du rêve, des illusions en vous approchant parfois de leur versant sombre, la folie… Oui, j’aime la ligne très fine qui existe entre la folie et l’imaginaire. Quand est-ce que l’imaginaire peut basculer dans la folie? Quelle est la logique des rêves? Quel parallèle avec la logique de la folie? Je trouve toutes ces choses intéressantes à explorer.
En tant qu’enfant de la balle, a-t-il toujours été évident que vous alliez suivre cette voie? Pas du tout. Mais, à un moment donné, ça m’a manqué. Petit à petit, j’y suis retournée, en cercles concentriques, jusqu’au point où, avec ma mère, nous avons recommencé à faire des choses ensemble. C’était pratiquement viscéral: l’odeur des théâtres me manquait! Je faisais de plus en plus de choses qui m’en rapprochaient. Au début de L’oratorio, je ne pensais vraiment pas que ça marcherait ainsi. C’était un désir, mais ce n’était pas calculé.
Malgré votre succès, on vous présente encore comme la fille de vos parents, la petite-fille de Charlie Chaplin ou la sœur de James Thierrée… Oui, je suis reliée au monde entier! En fait, je n’ai jamais l’impression qu’on parle vraiment de moi! Je ne me sens pas concernée. De toute façon, les gens font des liens avec une chose ou une autre et je n’y fais pas attention. Ce qui m’importe, c’est qu’une fois que le rideau se lève, le spectacle fonctionne. Il n’y a que cette vérité qui reste. La Tour-de-Trême, salle CO2, vendredi 31 janvier et samedi 1er février, 20 h. Réservations: Office du tourisme de Bulle, 026 913 15 46, www.labilletterie.ch
Une histoire de famille Aurélia Thierrée goûte au spectacle dès ses premières années, aux côtés de ses parents. Elle a même failli voir le jour sur scène: sa mère a commencé à perdre les eaux un soir de représentation… Au tout début des années 1970, Jean-Baptiste Thierrée et son épouse Victoria, née Chaplin (fille de Charlie) sont les pionniers de ce que l’on appellera le nouveau cirque. Au cours d’une aventure artistique désormais mythique, ils créent Le cirque bonjour, puis Le cirque imaginaire, devenu Le cirque invisible, toujours en tournée. Aurélia voit le jour en 1971, son frère en 1974: James Thierrée (La symphonie du hanneton, Au revoir parapluie…) est aujourd’hui un des artistes les plus en vue dans ce mélange de danse, acrobatie, mime, cirque, théâtre… Aurélia Thierrée a créé son premier spectacle en 2003. Conçu et mis en scène par sa mère, L’oratorio d’Aurélia a triomphé dans le monde entier, avant de laisser place à Murmures des murs, au printemps 2011. Elle y joue une femme en fuite, qui escalade des façades d’immeubles abandonnés, pénètre des appartements vides et découvre des bribes de vie. Un monde de rêve et d’illusion naît ici, qui joue avec l’imaginaire du spectateur, y compris des plus jeunes: Murmures des murs est annoncé accessible dès 8 ans.
Que reste-t-il des films, livres, disques, spectacles découverts tout au long de l’année? Retour sur nos coups de cœur les plus marquants.
par Eric Bulliard et Christophe Dutoit
Un film, un seul, suffit à rendre exceptionnelle l’année cinématographique. Un film prodigieux d’intensité et d’équilibre entre la puissance émotionnelle et la rigueur formelle. Palme d’or à Cannes, La vie d’Adèle, d’Abdellatif Kechiche est «le film de la semaine, du mois, de l’année, du siècle», selon Eric Libiot, critique de L’Express, qui dit rarement des bêtises.
Claude-Inga Barbey est de retour aux Théâtre des Osses pour douze représentations de Laverie Paradis, son nouveau spectacle en duo avec Doris Ittig.
par Christophe Dutoit
Comment s’est passée cette première de Laverie Paradis, la semaine dernière à Cossonay? Claude-Inga Barbey. Super. C’était un peu quitte ou double, parce que c’est un spectacle risqué.
Samedi à La Tour-de-Trême, le Quintette Eole présentait – en première suisse – son adaptation française de Pinocchio, dans la version conte musical de Lior Navok. à suivre…
Brigitte Rosset a présenté vendredi au CO2 son dernier spectacle d’humour. Belle brochette de personnages et grande générosité au programme.
par Sophie Murith
Brigitte Rosset ressemble à cette vieille copine qui raconte sa vie, debout sur le tapis du salon. Pieds nus, le T-shirt tiraillé par des mains nerveuses et le cheveu expressif. Sauf qu’elle, elle a raconté ses déboires amoureux dans Smarties, Kleenex et Canada Dry, devant la salle quasi bondée du CO2, à La Tour-de-Trême. à suivre…
L’Association CO2 présente sa dixième saison culturelle mercredi, en public. L’occasion de se plonger dans les souvenirs à travers quelques anecdotes de coulisses.
par Eric Bulliard
Double sentiment, à l’heure de lancer la dixième saison culturelle de l’Association CO2, à La Tour-de-Trême: d’un côté, l’impression que la salle a été inaugurée hier. De l’autre, qu’elle est là depuis toujours, tant elle a su se rendre indispensable. à suivre…
L’Opéra de poche fribourgeois célèbre à sa façon – cadre intimiste et approche accessible aux néophytes – le 200e anniversaire de la naissance de Giuseppe Verdi.
par Laure Jaquier
Six personnes dans un salon peuvent-elles rendre justice à ce géant de l’opéra, célébrissime et ô combien populaire, dont l’œuvre est colossale? L’Opéra de poche fribourgeois accomplit ce grand écart avec succès et nous rend le compositeur tout proche et particulièrement humain. à suivre…
En défenseur des hommes face au diktat féminin, Olivier de Benoist se retrouvera lundi 18 mars sur la scène de la salle CO2 de La Tour-de-Trême. à suivre…
Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault ont récemment levé le voile sur leur nouvelle création. Fondée sur l’univers d’Ionesco, elle mêle chorégraphie et technologie de pointe.
Par Eric Bulliard
Suite présidentielle d’un grand hôtel genevois, avec vue sur la rade et le jet d’eau. La compagnie Pietragalla – Derouault a invité quelques journalistes et professionnels du spectacle pour présenter M. et Mme Rêve. Une création qui s’annonce hors du commun où se côtoient la danse, l’univers d’Ionesco et la technologie 3D. à suivre…
Haut en couleur, enlevé, rythmé, un rien superficiel: ainsi est apparu Alice au pays des merveilles en version cirque chinois.
par Eric Bulliard
Plein les mirettes, du début à la fin. Le Nouveau cirque national de Chine, qui présentait sa version d’Alice au pays des merveilles, vendredi à la salle CO2 de La Tour-de-Trême, a les qualités et l’énergie pour ravir les yeux des spectateurs. Ça virevolte, ça jongle, ça se contorsionne à tout va, sans trêve ni temps mort. à suivre…
A aucun moment Alain Souchon n’a fait irruption sur la scène. Lorsque le public s’est tu et que l’éclairage s’est mis à briller, le chanteur était déjà là, chemise blanche et pantalon noir, enfilant aussitôt une guitare, il entonnait, l’air de rien, une première chanson comme on raconte une histoire. Un son cristallin pour un premier hymne nostalgique… quel bonheur d’entendre ce qu’on nous chante. à suivre…
Originaire de la Drôme, H-Burns s’apprête à sortir son troisième album, enregistré avec le légendaire Steve Albini. A découvrir d’urgence, ce samedi soir à Bulle.
par Christophe Dutoit
Quand on demande à H-Burns ses influences, voici les réponses que Renaud Brustlein (son vrai nom) a données à un confrère: «En musique, ce serait Songs of Leonard Cohen, le premier album de Leonard Cohen, Highway 61 revisited de Bob Dylan, I see a darkness de Bonnie Prince Billy. à suivre…
Samedi au Bicubic, la compagnie bulloise Les Héritiers montait sa première création avec un Ubu roi grotesque à souhait.
par Christophe Dutoit
D’abord, quel texte! Cent douze ans après sa première, Ubu roi d’Alfred Jarry a conservé toute sa verte acidité, tout son humour décalé, toute sa capacité à tourner en grotesque l’idiotie du monde. Un siècle après avoir fait scandale à sa première en décembre 1896, cette pièce précurseur du surréalisme et du théâtre de l’absurde n’a pas pris une ride. Même si le public d’aujourd’hui tend à davantage se poiler de son ton burlesque qu’à monter aux barricades contre ses intentions. à suivre…