Après huit ans d’absence, Roisin Murphy revient sur le devant de la scène avec Hairless Toys. L’ex-membre de Moloko propose un exercice résolument expérimental sur la base d’une électro-pop mouvante s’abreuvant de mille idées, allant de la country au funk.à suivre…
Certains pensent que l’on ne peut pas être et avoir été… Ils ont tort. Prenez l’exemple de Martin Gore, l’homme de toutes les mélodies de Depeche Mode. Depuis plus de trente-cinq ans, l’Anglais peroxydé a signé davantage de tubes que le nombre de doigts d’un être humain normalement constitué, il a fait danser des millions de mollets sur ses airs électro-pop, il a placé le synthé Bontempi au rang d’objet culte. A ce stade-là, n’importe quel Anglais normalement constitué aurait acheté un chalet à Verbier pour finir lascivement ses jours devant une ale tiède et sans gaz.à suivre…
A la fin des années huitante, Faith No More fait partie de ces jeunes pousses qui vont permettre au rock alternatif américain d’atteindre le grand public. Après dix-huit ans de silence, le groupe revient en force avec un excellent nouvel album.
par Christophe Dutoit
Tout comme l’enfer, l’histoire du rock est parfois pavée de bonnes intentions. A l’automne 1992, Faith No More choisit de ne plus jouer en concert leur sauvage reprise de War pigs de Black Sabbath. Histoire de perdre un peu cette connotation metal qui colle aux baskets des Californiens, habitués depuis dix ans à faire le grand écart entre rock et jazz, hip-hop et fusion. Sur le coup, le groupe commence à jouer Easy, le tube soul des Commodores qu’il transforme en un slow langoureux avec ce fameux solo sur lequel tous les apprentis guitaristes ont un jour esquinté leur plectre.à suivre…
Howe Gelb est un stakhanoviste de la musique américaine. En trente ans de carrière, l’auteur-compositeur-chanteur-pianiste-guitariste a enregistré une quarantaine d’albums studio (!). Depuis 1985, il tient les rênes de Giant Sand, un groupe à géométrie très variable, qui change de personnel à quasiment chaque nouveau projet. Pour Heartbreak pass, sorti la semaine dernière, Howe Gelb s’est amusé à enregistrer quinze titres de folk-rock-americana dans la plus agréable tradition yankee. Seul défi: chaque chanson est jouée avec une formation différente, la plupart du temps dans un lieu différent. Forever and always, qui clôt le disque, a par exemple été enregistré chez lui… avec son téléphone portable. D’autres l’ont été à Tucson, Arizona, dans le fief du gaillard. Ou en Italie, à Berlin, à Bruxelles… à suivre…
A la première écoute, on croirait entendre un vague succédané (succès damné?) d’un vieux disque de The Cure, période Faith. Au premier plan, une basse omniprésente trace un large sillon dans lequel germent des guitares maladives, une batterie synthétique très années huitante et une voix aérienne plutôt fantomatique. A priori, rien de bien original donc à l’écoute du troisième album de The Soft Moon…
Sauf que, dès le deuxième tour, le poison commence à opérer. Sous ses apparents oripeaux vintage, Deeper convoque des ambiances ténébreuses, post-traumatiques et diablement malsaines. Dans cette confusion orchestrée (Far), on semble comme embarqué dans un road-movie ivre à la David Lynch, à la dérive entre des tempos lents et des nappes synthétiques (Wasting), des relents de techno gothique (Wrong) et des digressions new wave cauchemardesques (Try). Comme par une nuit de pleine lune, The Soft Moon distille une musique savamment jetlaguée, sous une hypnose terrifiante et néanmoins accueillante. Que les insomniaques se rassurent: avec ce Deeper, ils auront trouvé le remède idéal à leur éveil blafard. A découvrir aussi sur scène le 28 août, au festival Nox Orae de La Tour-de-Peilz.
Depuis longtemps, Björk nous a habitués à l’inattendu. L’étrange pochette de Vulnicura laissait présager une expérimentation sidérale inaccessible. Il n’en est rien.à suivre…
Pour un peu, on aurait fini par croire que le big beat était bel et bien mort: The Chemical Brothers semblent profondément assoupis, The Crystal Method travaille surtout pour l’industrie du jeu vidéo, Fatboy Slim mixe sur la pointe des pieds… Par chance, toute forme d’espoir n’est pas perdue. D’abord parce qu’Electrobolt est sur le point de sortir son second album… Ensuite, parce que The Prodigy vient de rappeler à la planète entière qu’il demeure le maître incontesté du genre. Six ans après Invaders must die, Liam Howlett et ses sbires poussent même le bouchon encore plus loin avec leur sixième album, The day is my enemy, sans doute le plus abrupt et le plus sauvage de leur discographie.
Dès les premières percussions tribales, l’ambiguïté est levée: The Prodigy ne fera aucune concession à la mode, ne variera pas d’un iota son ambition pour le vertige. Rarement, en effet, le terme big beat aura si bien collé à pareil gros son. Avec des mélopées aussi rentre-dedans que Rok-Weiler ou des compositions aussi frontales que Wild frontier, les Anglais font largement mieux que survivre: ils se régénèrent… CD
Formé à Brooklyn il y a une dizaine d’années, A Place To Bury Strangers poursuit sa quête d’étrangeté avec un bruyant, mais fascinant quatrième album intitulé Transfixiation. Avec sa basse très en avant, façon new wave et les fantômes de à suivre…
Ils ont vingt ans à peine, des gueules de poupins et une furieuse envie de (con)vaincre le monde. Formés dans la banlieue de Philadelphie en 2009, The Districts viennent de sortir A flourish and a spoil, ce genre de premier album touché par la grâce, après quelques obscurs enregistrements autoproduits. La formule n’est certes pas nouvelle: du rock carré, deux guitares enragées, une énergie incroyable sur scène: il y a quarante ans en arrière, certains auraient pu y voir l’avenir du rock…à suivre…
A intervalles réguliers, l’Australie rayonne à travers l’hémisphère Nord grâce à quelques musiciens aussi exceptionnels que dramatiquement barrés. Tandis que l’été austral achève là-bas ses canicules, The Black Ryder sort en catimini un second album au titre énigmatique: The door behind the door. Proche de la mouvance Brian Jonestown Massacre ou Black Rebel Motorcycle Club, le duo Aimee Nash et Scott Von Ryper a pris un malin plaisir à ralentir les tempos, à tester les bienfaits de la ritaline sur leurs compositions lancinantes.à suivre…
C’est un disque qui tombe de nulle part. Ou plutôt de Norvège, ce qui revient un peu au même. Alors, bien sûr, on pourrait frimer en relevant que The White Birch avait fait ses adieux sur scène en 2006, un an après avoir sorti son cinquième album, Come up for air. Ou en soulignant que le groupe a souvent été comparé à Sigur Rós. Mais ça, le premier Wikipedia venu saura le rappeler. Ce qu’il ne dit pas, c’est que le retour de l’auteur-compositeur-interprète Ola Fløttum (qui a gardé le nom du groupe, mais pas ses deux acolytes de l’époque) est une merveille absolue. D’une évidence, d’une simplicité, d’une profondeur à vous tirer des larmes.à suivre…
Vingt-cinq ans après avoir figuré parmi les ténors du mythique club l’Haçienda à Manchester, The Charlatans sont les derniers rescapés de la vague Madchester. Avec Modern nature, ils signent un excellent douzième album marqué par le décès de leur batteur Jon Brookes.
par Christophe Dutoit
The Charlatans portent décidément bien mal leur nom. Vingt-cinq ans après la sortie de leur premier album, les gars de Northwich (à mi-chemin entre Liverpool et Manchester) montrent à quel point leur musique n’a jamais sombré dans l’esbroufe ni dans la supercherie. Avec la sortie de Modern nature, leur douzième album, les derniers survivants de la vague Madchester signent un disque ample et envoûtant, paradoxalement triste et frétillant à la fois.à suivre…
Depuis plus de cinquante ans, Bob Dylan divise. Ceux qui préfèrent ses protest songs à ses aventures électriques, ceux qui vénèrent ses concerts imperméables, ceux qui détestent sa voix nasillarde. Et vice versa… Avec son 36e album sorti ce lundi, que les grincheux se rassurent: le héraut de 73 ans ne fait toujours pas l’unanimité. Certains détesteront cette guitare pedal steel omniprésente, d’autres adoreront cette voix soignée et charmeuse. Et vice versa.à suivre…
Après avoir terrifié les bien-pensants durant les années 1990 avec son rock industriel, Marilyn Manson est peu à peu rentré dans le rang. Autoproclamé «antéchrist» et «grotesque», l’Américain de 46 ans signe un magistral retour, hanté par le blues.
par Christophe Dutoit
Il paraît que quelque chose a changé dans la vie de Brian Warner. Depuis plusieurs mois, l’homme qui se transforme en Marilyn Manson à la nuit tombée se serait en effet mis à se réveiller… avant midi. C’est peut-être un détail pour vous, mais, pour lui, ça veut dire une liberté reprise à la schizophrénie, une nouvelle distance avec son double grandiloquent créé il y a plus de vingt-cinq ans. Explications.à suivre…
L’air de ne pas y toucher, Belle & Sebastian se taille, depuis une vingtaine d’années, une carrière en tout point exemplaire. La preuve avec la sortie récente de Girls in peacetime want to dance, le neuvième album du collectif de Glasgow. Sans doute son disque le plus abouti, cinq ans après le déjà excellent Write about love.à suivre…