Anglo-saxon

Depeche Mode: en dehors de toutes les modes

A quelques semaines d’entamer une tournée mondiale des stades (notamment à Zurich le 18 juin), Depeche Mode vient de publier un excellent quatorzième album intitulé Spirit. Tour d’horizon en sept points.

par Christophe Dutoit

le nouvel album
Depuis bientôt vingt-cinq ans, Depeche Mode publie un disque tous les quatre ans. La sortie vendredi de Spirit – matricule N°14 dans l’histoire du groupe – ne déroge pas à ce rythme métronomique. Malgré le titre du premier single Where’s the revolution, le trio anglais ne chamboule pas ses habitudes. D’un côté, il balance une poignée d’hymnes synthpop hyperefficaces et reconnaissables dès les dix premières secondes. A l’image de So much love et son beat répétitif, ses sonorités bizarroïdes, ses mélodies radieuses et la voix si caractéristique de Dave Gahan, toujours aussi envoûtante. Ou No more (this is the last time), un tube en puissance qui gagnera en ampleur sur scène. à suivre…

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Hey Satan: «Je viens du hardcore, j’aime quand ça dépote»

Hey Satan vient de sortir son premier album et se produit vendredi à Ebullition. «La salle où j’ai sans doute joué le plus de fois», avoue son chanteur et guitariste François Barras, ancien d’Eastwood, de Shovel ou de Houston Swing Engine. Rencontre.

par Christophe Dutoit

Rendez-vous est pris au Bar Tabac, à Lausanne, un troquet à l’ancienne à deux pas de la tour Edipresse. Journaliste à 24 heures depuis dix-sept ans, François Barras porte la chemise noire de rigueur sous un sweat à capuche et une casquette qui témoigne de son passé hardcore. Devant un Arkina cassis à l’heure de l’apéro, le quadragénaire est affable, volontiers drôle, intarissable sur les musiques actuelles, dont il est un spécialiste dans la presse romande. Rien à voir avec le furieux guitariste que d’aucuns ont croisé sur les scènes underground de Suisse et de Navarre.

Une fois n’est pas coutume, le journaliste devient l’interviewé, à l’occasion de la sortie de l’album de son nouveau groupe Hey Satan et de sa venue vendredi à Ebullition.

La question brûle les lèvres: depuis peu, le guitariste François Barras s’est mis à chanter: «Oui, je suis devenu chanteur. C’était ça ou plus rien.» Il sourit, sirote son cassis et reprend. «Depuis 1993, je joue avec le batteur Frank Matter (oui, l’animateur de Couleur 3). Tous les chanteurs de nos divers groupes, soit ils sont partis, soit on a fini par les virer. En répétition, il m’arrivait de chantonner des mélodies. Mais Frank me disait à chaque fois: “Ta gueule, tu chantes comme une merde!” Le sujet était donc clos pour moi.»

«Ne pas dérailler»
Début 2015, François Barras hésite à relancer Houston Swing Engine, «un groupe cool où on jouait des morceaux avec huit riffs différents en cinq minutes.» De la balle pour un guitariste. «On s’est bien marrés au sein de ce groupe, mais Frank ne voulait pas rejouer des vieux trucs. Il préférait aller vers quelque chose de nouveau.»

A trois avec le second guitariste Laurent Macquat, le combo se donne trois mois pour «essayer» son nouveau chanteur. «En Suisse romande, beaucoup de groupes sont instrumentaux par défaut. J’ai eu l’occasion d’interviewer Josh Homme, leader des Queens of the Stone Age, qui a influencé la musique comme guitariste, avant d’empoigner le micro. Il m’a dit: “Je dois seulement chanter juste.” J’ai trouvé cette réponse assez cool. Du coup, j’essaie simplement de ne pas dérailler.»

Et le bougre fait le job plutôt bien, tantôt en voix de tête, tantôt lorsqu’il pousse une gueulante. «Je manque de puissance. Je sais mes limites. Mais je viens du hardcore et j’aime quand ça dépote. Je fais ce que je sais faire, sans tricher.» Le résultat: un rock à riffs tendu à souhait, rentre-dedans et mélodique, avec juste ce qu’il faut de sonorités vintage. «Le format power trio nous permet davantage de concision», sourit-il.

A l’époque d’Eastwood, au milieu des années 1990, on a acheté nos instruments pour monter le groupe. On ne savait pas jouer. On balançait des riffs en open tuning. Faire comme Rage Against The Machine n’est pas si dur: c’est surtout l’intention qui compte.»

Le Valaisan d’origine raconte avoir appris la guitare à l’âge de vingt ans. «Avec les Stooges. Je faisais des solos à un doigt. Ça permet d’être très puissant!» Avec plus de vingt ans de recul, François Barras regarde ces années-là avec beaucoup de bienveillance. Avec Shovel, on a été invités en 2000 au live de Nulle part ailleurs pour remplacer Rage Against The Machine. A cette époque, on donnait des concerts tous les week-ends. Une fois, on a joué à Lille le vendredi, à La Rochelle le samedi et à Montpellier le dimanche. J’étais encore à l’uni à cette époque. Autant dire que j’ai dormi le lundi matin.»

Le bomber côté orange
«En ce temps-là, on se sentait alternatifs. On retournait nos bombers du côté orange, comme les Bérus. Aller au concert était un acte politique. On fréquentait des endroits marginaux, comme les Caves du Manoir, à Martigny. On faisait cent bornes pour aller à la Dolce Vita. On n’avait pas le choix d’aller ailleurs. Le concert était une expérience, un lieu de rébellion qui faisait un peu peur. Aujourd’hui, les concerts sont trop souvent lyophilisés. De nos jours, un musicien a du succès quand il a réussi à vendre un titre pour une pub Citroën.»

Au début des années 2000, Shovel vend 7000 disques, un chiffre à faire pâlir d’envie certains groupes d’aujourd’hui, mais une paille à l’époque où Lofofora ou Watcha en atteignaient les 100 000 exemplaires. «Certains musiciens comme Gojira ou Mickey 3D ont cité nos albums en référence. Notre musique a marqué beaucoup de musiciens, mais elle n’a pas touché le grand public. Elle était sans doute trop violente, trop exigeante. Et notre label n’avait pas les moyens de faire une énorme promotion.»

Aujourd’hui, François Barras s’amuse du succès obtenu par son nouveau groupe. «A l’époque, on ne touchait pas un rond.» Mais l’industrie de la musique a changé depuis 2008. «Avec Hey Satan, on a vendu des vinyles jusqu’en Argentine. Notre clip a été vu plus de 100 000 fois sur un site américain. On joue dans la cour de récré mondiale. C’est plus marrant qu’avant, c’est plus valorisant et on gagne – un peu – plus d’argent. On est un minuscule acteur, mais on fait partie de ce jeu.»

A Ebull comme à la maison
En décembre 1995, François Barras a foulé pour la première fois la scène d’Ebullition avec Eastwood. «C’est sans doute le club où j’ai joué le plus souvent. On s’y sent un peu comme à la maison. Même si parfois le lieu est presque “trop agréable”. Dans le sens: on aimerait bien qu’il y ait plus de cent personnes qui veulent du rock dans le public. Il faut qu’on le muscle un peu…» Chiche?

Hey Satan, Hey Satan,
Cold Smoke Records,
https://heysatan.bandcamp.com

Bulle, Ebullition, Le week-end du hard 2, dès 21 h. Vendredi 24 mars: Ogmasun, Hey Satan et The Last Moan. Samedi 25 mars: Reaptile, Oregon Trail et The Prestige. www.ebull.ch

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Replay The Velvet Underground & Nico: écoute râpeuse et fascinante

REPLAY

The Velvet Underground & Nico sort le 12 mars 1967. Malgré sa pochette banane signée Andy Warhol, le disque se vend difficilement à 30000 exemplaires durant les cinq années d’existence du groupe. Mais, comme l’a dit un jour Brian Eno, «tous ceux qui l’ont acheté ont ensuite formé un groupe». à suivre…

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Expo Seventy, longues improvisations électro-stoner

Désormais installé à Kansas City, Justin Wright, 42 ans, vient de sortir le 57e album (!) d’Expo Seventy, parfois orthographié Expo’70, en un peu moins de quinze ans de carrière. L’an dernier, le guitariste a participé durant trois semaines à une expérience artistique où se sont mêlés peinture, sculpture, poésie, théâtre, film et musique, offrant un reflet du dynamisme de la scène locale sous le nom America: now and here. à suivre…

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Replay Jefferson Airplane: pilules psychédéliques en prémices à l’Eté de l’amour

REPLAY

La baie de San Francisco peine à sortir de sa léthargie en ce mois de février 1967. Renforcé par la chanteuse Grace Slick, le Jefferson Airplane en profite pour publier son deuxième album, Surrealistic pillow. La demoiselle de 27 ans arrive avec deux chansons au destin planétaire. D’abord Somebody to love, composée par son beau-frère pour leur ancien groupe The Great Society. Avec son riff surf garage et ses envolées à la reverb magnifiée, la chanson démarre au quart de tour, avec cette hargne contenue que The Ramones se chargeront de laisser exploser en 1993. à suivre…

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Fai Baba, la révélation suisse des Transmusicales

Il faut passer outre ce premier titre Find me a woman, bien trop kitsch pour être honnête. Après, il suffit de pas grand-chose pour que la musique de Fai Baba bascule dans l’excellence. La reverb tournée à fond sur les guitares, la batterie en filigrane et en toute légèreté et, surtout, cette voix aérienne et détachée du Zurichois Fabian Sigmund suffisent à faire de Nobody but you un tube échappé des sixties, période surf insouciante. à suivre…

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The XX, une trip-pop très XXe siècle

Pour beaucoup, The XX est la sensation pop du moment. Avec la sortie de son troisième album, I see you, le trio londonien joue désormais dans la cour des grands. En témoigne sa participation, en tête d’affiche, au Coachella Festival, aux côtés de Radiohead. Pas mal pour des jeunets de moins de 30 ans. Avec Coexist (lire ici la critique) en 2012, les voix enchevêtrées d’Oliver Sim et Romy Madley-Croft faisaient déjà écho à la new wave minimaliste des années huitante. Avec Hold on ou Performance, les Anglais gagnent une décennie et ajustent leurs références aux prémices du trip-hop, en particulier à des sonorités tout droit exhumées d’Everything But The Girl. à suivre…

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Rétrospective 2016: des lumières dans la brume

Quand les temps se font durs, la culture se révèle plus indispensable que jamais, pour nous éclairer dans le brouillard et nous pousser à la réflexion. Nombre d’œuvres de cette rétrospective 2016 résonnent ainsi en écho d’un monde bancal. à suivre…

Posté le par Eric dans Anglo-saxon, Chanson française, Cinéma, Littérature, Livres, Musique Déposer votre commentaire

Neil Young, l’hyperactiviste

A 71 ans bien tassés, Neil Young est aux antipodes de la retraite. Après la sortie de son double live Earth en juin, le Loner a enchaîné avec une tournée mondiale qui l’a vu enflammer le Stravinsky de Montreux en juillet. A l’âge où certains se la couleraient douce, le Canadien soigne son hyperactivisme en donnant des concerts incroyables (il a notamment joué avec Paul McCartney au Desert Trip en octobre) et en composant inlassablement de nouvelles chansons, à l’image de l’album Peace trail paru hier. à suivre…

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Peter Doherty, déglingué pathétique

Attendu et maintes fois repoussé depuis 2012, le second album solo de Peter Doherty vient enfin de voir le jour. Très loin de la beauté animale de Grace/Wastelands, qui avait surpris son monde en 2009, Hamburg demonstration ne manque certes pas de perles, que l’Anglais joue (massacre) sur scène depuis quelques années. Certaines sont d’ailleurs déjà des classiques, à l’image de Down for the outing, avec laquelle le déglingué pathétique avait ouvert son concert aux Francomanias (lire ici le compte-rendu de cette soirée une peu spéciale…) cet été. Ou The whole world is our playground, magnifique comptine chancelante et cristalline. à suivre…

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Brian Jonestown Massacre: rock psychédélique et halluciné

12''_GATEFOLD_BLEEDInfatigable Anton Newcombe. Presque autant ingérable que Peter Doherty, le bientôt quinquagénaire né à Newport Beach (Californie) porte en lui le même genre de génie pour l’instabilité et le vertige. Avec son – principal – groupe, Brian Jonestown Massacre, il vient de publier son seizième album studio, Third world pyramid, un brûlot de rock psychédélique, dans la parfaite continuité d’une carrière de moins en moins chaotique. à suivre…

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Hope Sandoval & The Warm Inventions: enveloppé dans un brouillard bienveillant

hope-sandovalAu début des années 1990, les Californiens de Mazzy Star publiaient coup sur coup trois albums entre chien et loup, d’une lenteur assumée et d’une tristesse sublime. Au même moment, My Bloody Valentine imposait le shoegaze et influençait durablement la musique noisy anglaise. Quel rapport entre les deux, me direz-vous? Hope Sandoval, la chanteuse des premiers, et Colm O’Ciosoig, le batteur des seconds, viennent de publier leur troisième collaboration, Until the hunter, six ans après leur dernier disque. à suivre…

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Takuya Kuroda, une signature de caractère

kurodaEn 2014, Takuya Kuroda sortait Rising Son, un disque marquant qui le hissa immédiatement sur les plus hautes marches des talents prometteurs. Avec Zigzagger, on retrouve les caractéristiques qui avaient donné cette patte originale à sa musique, très influencée par la scène hip-hop et soul, mais résolument jazz. Le trompettiste japonais a émigré à New York depuis plus de dix ans et son univers s’en ressent. Si l’album se veut libre et exploratoire, l’ambiance générale est très marquée par une atmosphère underground plus proche du béton et du clubbing que des balades en forêts. à suivre…

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All Them Witches, entre blues ancestral et stoner venimeux

all-them-witchesComment un groupe qui s’excuse – presque – d’être là, sapé T-shirt quelconque et jeans sans trou, qui joue dans la pénombre de l’Ancienne Belgique devant un public – presque – silencieux, comment, disait-on, un groupe avec un tel charisme d’huître peut-il dégager une si grande puissance? Par la musique, pardi… à suivre…

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Leonard Cohen: des chants funèbres d’un dernier grand songwriter

cohenLeonard Cohen vient de fêter ses 82 ans. Sept de plus que Bob Dylan, dix de plus que Keith Richards. Et il vient de sortir son 14e album. Il faut dire que sa retraite, il l’a déjà prise, de 1994 à 1999, lorsqu’il s’est retiré dans un monastère bouddhiste sur les hauts de Los Angeles… A l’heure où les gens de son âge laissent couler l’air du temps, le Canadien le chante. Et de quelle manière. à suivre…

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