L’année 2014 représente pour Quino un double anniversaire: il y a 50 ans, il créait un personnage qui allait le rendre célèbre, une petite fille contestataire et philosophe. Point culminant, mais aussi ombrageux, d’une production commencée dix ans plus tôt dans les journaux de Buenos Aires. Soixante ans de carrière qui valait bien un hommage. à suivre…

Les super-héros ont le vent en poupe et, contrairement à une croyance vivace, leurs histoires ne sont plus destinées aux enfants depuis longtemps. En plus de 75 ans d’existence, ils ont construit des mondes riches de centaines de destins croisés que le cinéma ignore le plus souvent. Alors, où commencer si l’on est néophyte? Et si on laissait de côté les classiques pour donner sa chance à un éditeur audacieux et innovant? Bienvenue chez Valiant.

Ici pas de masque ni de cape, mais une refonte des codes dans quatre séries indépendantes, qui forment un univers unique où dominent des thématiques renouvelés de la science-fiction. Titres phares de cette renaissance – la plupart des per­son- ­nages ont été créés il y a vingt ans, avant une table rase en 2012 – Harbinger, excellent road movie au pays des mutants, et X-O Manowar, dans lequel un guerrier wisigoth découvre une armure sainte extraterrestre et une invasion en cours.

Les autres titres, dont les deuxièmes tomes viennent de sortir, n’ont rien à leur envier. D’abord, le duo improbable composé d’Archer & Armstrong réunit un jeune assassin candide formé par une secte fanatique et l’immortel alcoolique qu’il est censé tuer. Moins «léger», Bloodshot raconte l’histoire pleine de testostérone d’un soldat scientifiquement modifié à la recherche de son identité. Deux condensés d’action pure. En quatre titres, Valiant réussit à édifier un univers cohérent et surtout à renouveler un genre souvent mis à mal.

par Romain Meyer

Fred van Lente et divers
Archer & Armstrong, t. II, La fureur du guerrier éternel
Panini Comics

Duane Swierzynski et divers
Bloodshot, t. II, Le plus dur est la chute
Panini Comics

Il y a 20 ans, le dessinateur-star Mike Mignola lançait son propre personnage, Hellboy. Ses aventures, mélange de tradition horrifique et de paranormal fourre-tout, de Raspoutine aux délires mystiques du IIIe Reich, font mouche. Depuis, l’Américain multirécompensé ne cesse d’agrandir son univers entre Edgar Poe et H. P. Lovecraft, quitte à ne plus dessiner.

Deux films et plusieurs séries parallèles plus tard, il revient aux pinceaux. Il faut dire que son antihéros fétiche est mort et retrouve ses origines, en enfer… Alors que le dessin expressif poursuit la magie – atmosphère sombre, monstres cauchemardesques – le récit plonge dans une introspection sans action et dans un catalogage des créations de Mignola. Dont l’excellente série B.P.R.D., qui vient également de redémarrer avec comme sous-titre, L’Enfer sur Terre. Le ton est donné, quitte aussi à désorienter les nouveaux lecteurs.

par Romain Meyer

Mike Mignola
Hellboy, t.I, Secrets de famille
Delcourt

Flash Gordon affronte à nouveau l’horrible empereur Ming. L’icô­ne de la science-fiction américaine revit en effet l’intégralité de ses aventures origina­les. Tout comme Prince Vaillant et Tarzan.

par Romain meyer

Flash Gordon, Tarzan, Prin­ce Vaillant… Trois univers, trois époques, mais un mê­me destin dans l’histoire de la bande dessinée. Entre les années 1930 et 1940, ils vont faire les beaux jours de la presse dominicale américaine et devenir les nouvelles normes réalistes et es­thétiques d’un médium en pleine évolution. Leurs auteurs, qu’ils se nomment Alex Raymond, Burne Ho­­garth ou Harold Foster, engendrent chacun un classique. Grâce aux Editions Soleil, l’intégralité de leur production rejoint maintenant le vaste catalogue patrimonial que le 9e art se construit en français. à suivre…

C’est l’aube. Rachel se réveille dans un sous-bois. Elle gratte la terre qui la recouvre pour s’extirper du trou dans lequel elle se trouve et rentre à la maison, un peu déboussolée. Il faut dire que Rachel est morte il y a trois jours, étranglée… Et personne ne semble se souvenir d’elle.

Vainqueur d’un Eisner Award, la plus haute récompense de la BD américaine, Terry Moore se lance avec Rachel Rising dans un genre nouveau pour lui, l’horreur, auquel il adjoint une pincée de fantastique. L’auteur de Strangers in Paradise et d’Echo fait intervenir une brèche de folie et de mystère dans une petite ville américaine aux apparences bien propres. Un trait soigné, un art de la narration inventif et précis, ainsi que des personnages approfondis font de sa dernière création une œuvre originale et intrigante, très loin du tout-venant du récit de «zombie».

par Romain Meyer

Terry Moore
Rachel Rising, t. I, l’ombre de la mort
Delcourt

notre avis: 3/4

Imaginez un monde où les superhéros sont réels, volent dans les airs, courent plus vite que des balles… et tuent votre petite amie lors d’un freinage raté. Imaginez-les défoncés à une drogue spéciale ou participant à des orgies sexuelles derrière le masque de la vertu. Heureusement, les P’tits Gars sont là pour les remettre dans le droit chemin à grands coups de tatanes. Dans The Boys, le scénariste anglais Garth Ennis (Preacher, Punisher) s’en donne à cœur joie dans son mépris – ou son amour enfoui? – des «superslips», genre qui domine sans partage la BD américaine. Ce volume continue de remuer la boue, visitant en profondeur le revers de la médaille héroïque, tout en fournissant des réponses sur le chef des P’tits Gars et un supercomplot. C’est cradingue, ultraviolent et fortement jouissif. Pour lecteurs très avertis.

par Romain Meyer

Garth Ennis et Darick Robertson
The Boys, t. V, le fils du boulanger
Panini Comics

notre avis: 3/4

On connaît Léonard de Vinci le peintre, l’architecte, l’inventeur, le savant, le génie complet qui définit la Renaissance italienne. Benjamin Lacombe et Paul Echegoyen ont travaillé à quatre mains pour présenter l’envers du décor, l’intimité du grand homme. Cette évocation romanesque – le duo a fait son choix dans certaines interprétations en débat ­– propose d’appréhender de l’intérieur les doutes de De Vinci, ses amours et ses souffrances. Cette histoire est celle de Léonard et du jeune Salaï, qu’il avait pris sous son aile, de leur relation de trente ans, à la fois amoureuse et artistique (ce pourrait être lui le modèle de La Joconde). Le résultat est esthétiquement impressionnant, empruntant un style qui s’apparente à celui du maître. Le récit intime d’une Italie flamboyante.

par Romain Meyer

Benjamin Lacombe et Paul Echegoyen
Léonard & Salaï, t. I Il Salaïno
Soleil (Noctambule)

notre avis: 2/4

Manu Larcenet est un Ulysse contemporain, capable de mille ruses et d’autant de visages! L’homme a le talent dense, capable de la comédie la plus absurde et de la réflexion la plus fraîche. Et il y a Blast, dont le tome IV conclut la série dans un feu d’artifice désabusé. C’est la dernière phase de l’interrogatoire de Polza Mancini par les policiers qui l’ont arrêté pour l’agression de son amie. à suivre…

Une banlieue aisée américaine. Taylor, jeune médecin et futur papa, rêve qu’il reçoit une balle dans le ventre après une course-poursuite vigoureuse. à suivre…

Jirô Taniguchi est considéré comme le plus Européen des dessinateurs nippons, un maître de la BD intimiste (Quartier lointain). Mais l’homme est d’abord un touche-à-tout, capable autant de raconter une ascension (Le sommet des dieux) que de se lancer dans une série «animalière» (Blanco). Ou un polar, comme avec ce Trouble is my business, qu’il a réalisé avec le scénariste Natsuo Sekikawa. à suivre…

Blutch possède une audace rare: raconter des histoires sens dessus dessous et ne pas prendre le lecteur pour un idiot… Lune l’envers possède toutes les qualités de ses prédécesseurs (intelligence du propos, dessin ciselé, narration inventive), qui rappellent que le Français reste l’un des plus grands auteurs du 9e art. à suivre…

Le XXe siècle a commencé dans la peur. La littérature populaire multipliait les génies du mal, Fu Manchu, Zigomar… Le siècle suivant aime à rejouer cette partition de fin du monde: Fantômas retrouve une merveilleuse jeunesse sous l’impulsion d’Olivier Bocquet et Julie Rocheleau. Et un nouveau personnage est désormais à inscrire au panthéon de ces illustres «méchants»: le Docteur Radar. à suivre…