Femme tueuse et ninja, Elektra cumule les clichés. Création de Frank Miller, ce personnage apparaît pour la première fois au côté du super-héros aveugle Daredevil en 1981. Elle y meurt quelques années plus tard dans un moment d’émotion rare. Jusqu’à un retour inattendu, fracassant, en 1986, dans Elektra. Assassin, où Frank Miller s’adjoint le concours de Bill Sienkiewicz, dessinateur à l’audace graphique unique.

L’histoire? Difficile à résumer, parfois à comprendre, tant le récit est fragmenté. Elektra, amnésique, tente de retrouver son passé et de comprendre son présent. Tout comme le lecteur. Puis les pièces se mettent en place. On y retrouve les thèmes classiques – et paranoïaques – de Miller: le danger de l’intérieur, la société contre l’individu, l’autodéfense… Le tout mis en pastel par un Sienkiewicz au sommet de son art, mélangeant dessin, peinture, parfois esquisse ou collage. A redécouvrir dans une édition superbe, en compagnie d’une autre histoire incontournable, Elektra renaît à la vie.

par Romain Meyer

Miller et Sienkiewicz
Elektra
Panini

notre avis: 3/4

Chaque nouvel album de Marc-Antoine Mathieu est un événement. Rares sont en effet les auteurs à fournir autant de réflexion tout en explorant les possibilités, narratives ou formelles, de la bande dessinée. Son dernier ouvrage, dont le titre tient en un pictogramme représentant une flèche, ne déroge pas à la règle: un dessin par page – dont une page multiple et dépliable -, pas de texte ni de bulle, pas d’action, ou peu, simplement un parcours fléché dans un monde désertique et absurde avec l’horizon comme seule limite. à suivre…

Les fêtes de fin d’année sont pour les éditeurs l’occasion de capitaliser sur les grandes sagas d’un passé plus ou moins récent en proposant nombre d’intégrales. Parmi elles, l’une est à ne pas manquer: deux ans après son dernier tome, voici en un volume augmenté la sensationnelle série Il était une fois en France. à suivre…

Premier ouvrage de Fabien Toulmé, Ce n’est pas toi que j’attendais est lui aussi une surprise, de celles qui ne laissent pas indifférent. Depuis la multiplication des blogs BD, l’autobiographie est devenue à la fois pléthorique… et déliquescente. Si vous recherchez mieux que de petites histoires de shopping et des gags éculés sur le chat, ne désespérez pas du genre: voici la nouvelle perle à découvrir. à suivre…

Après une première anthologie consacrée au Joker, un volume s’intéresse aux autres «super-vilains» de l’éditeur américain DC, à tous les ennemis de Batman, Superman et consorts. Si certains ont acquis une reconnaissance populaire, comme Lex Luthor ou Double-Face, la plupart, malgré leur âge, sont connus des seuls amateurs de comics. Avec des noms souvent évocateur: Darkseid, Sinestro, Brainiac, les Lascars… à suivre…

On qualifie Jirô Taniguchi de plus européen des auteurs de manga. Son trait fin, réaliste, son sens du mouvement, la construction graphique de ses cases en font sans conteste l’un des grands dessinateurs du 9e art. Mais sa capacité à revisiter tous les univers le rend vraiment unique: western, science-fiction, alpinisme, polar, récit intimiste ou gastro-nomique… Sa palette semble sans fin, comme le prouve Kaze no shô, une superbe histoire de samouraï écrite par Kan Furuyama.
à suivre…

La ville: Metropolis, capitale de l’Interland, une zone commune franco-allemande. L’année: 1935, durant la Belle Epoque… Car aucune guerre n’a ravagé l’Europe depuis plus de 75 ans. Dans ce monde, l’histoire a pris un autre tour, mais l’âme sombre des civilisations y est aussi à l’œuvre: une bombe pangermaniste posée dans la tour de la Réconciliation a révélé un caveau contenant le cadavre de trois femmes assassinées… à suivre…

Pour beaucoup, le nom de George Romero est synonyme de zombies. Il faut dire que le réalisateur américain a fait toute sa carrière sur les chairs décomposées. Après quelques films en dessous, le père de La nuit des morts-vivants investit le 9e art. Pour ce nouveau voyage au pays de la barbaque faisandée, il s’est adjoint les pinceaux photographiques de l’excellent dessinateur bulgare Alex Maleev. à suivre…

Memphis, Tennessee, la ville du King. La cité, qui n’a pas bougé depuis cinquante ans, semble coincée dans le temps et l’espace, comme le découvrent deux journalistes. Les éléments bizarres s’accumulent au fur et à mesure de leurs recherches: des sosies amnésiques, des corps inanimés, des routes qui ne mènent nulle part, des centaines de camions fluorescents, des maisons qui disparaissent… à suivre…

Avant même Le combat ordinaire ou Le retour à la terre, Manu Larcenet était déjà un génie. Associé à Jean-Michel Thiriet, autre tourmenteur de réalités, il avait conçu La vie est courte pour le Journal de Spirou. Les trois tomes, parus entre 1998 et 2000, sont maintenant disponibles en un seul volume. à suivre…

Une équipe de la police new-yorkaise franchit la ligne: pour purger la ville des salopards intouchables, elle décide de se salir les mains et de les abattre. Elle sera le Red Team et son destin s’annonce déjà mal. Garth Ennis, l’auteur de The boys, est habile dialoguiste et mène son récit avec intelligence, secondé efficacement par le dessinateur américain Craig Cermak. Méthodiquement, le Britannique place ses pions, joue sur quelques artifices temporels et s’amuse à monter sur la table pour tout dégager d’un bon coup de pied. à suivre…

Pour les amateurs de manga, Leiji Matsumoto est le créateur du Capitaine Albator et de Galaxy Express 999. Pour ceux qui préfèrent les têtes casquées, il a créé Interstalla 5555, le film d’animation reprenant l’album Discovery de Daft Punk. Il faut dire que, à 76 ans, l’homme ne finit pas d’expérimenter.

De ses années 1970 si fécondes, voici 24 histoires d’un temps lointain. Leiji Matsumoto offre des visions de mondes au bord de l’abîme, dans le passé ou le futur, fournissant des moments très sensuels avec ces femmes longilignes si caractéristiques de son style. Il y a dans ces récits un humanisme marqué de pessimisme nostalgique, que l’on voyage dans l’espace ou à bord d’un drakkar viking, entre un condor inca et un cimetière galactique. Leiji Matsumoto pose sur l’homme le regard de celui qui a la tête ailleurs, parfois un peu naïf, mais toujours sincère. Avec toujours les étoiles comme témoins.

par Romain Meyer

Leiji Matsumoto
24 histoires d’un temps lointain
Kana

Une bande d’adolescents se bat contre un roi-sorcier, des notables se vendent aux démons et une ville se retrouve projetée dans une autre dimension, des monstres à foison… Out there est une série au charme étonnant, même si elle n’évite pas les clichés des BD pour jeunes adultes, le groupe improbable composé du nerd de service, de la gothique, du sportif et de la cheerleader dans une sorte de remake paranormal de Breakfast Club. à suivre…