Avrac aux Francomanias: «La magie de l’imprévu»

Samedi prochain, les Francomanias accueillent Avrac dans la cour du château de Bulle. Membre de la troupe d’improvisateurs et trublion de l’émission 26 minutes, Vincent Veillon lève le voile sur cette soirée un peu particulière.

par Christophe Dutoit

Comment se fait-il que vous vous retrouviez aux Francomanias? Au premier abord, la présence d’Avrac est assez surprenante dans un tel cadre. On vous connaît davantage comme humoristes et improvisateurs, pas forcément comme musiciens et chansonniers…
C’est vrai. En fait, on a toujours fait de la musique dans les spectacles d’Avrac. Mais on n’a jamais thématisé un spectacle sur la musique. Au milieu de nos soirées d’impro, on fait un interlude musical, une sorte de chorégraphie, sur un classique des années huitante, une chanson d’Edith Piaf, un play-back des Démons de minuit… Un moment poético-musical. On a tous une sensibilité musicale, la plupart d’entre nous jouent de la musique, notamment Pierrick Destraz (batterie, guitare) et Christophe Auer (piano). Cette soirée bulloise est aussi le fruit d’une rencontre avec Emmanuel Colliard, le programmateur des Francomanias, lors de notre passage au Théâtre du Crochetan, à Monthey. En fin de soirée, il nous a dit: «Eh, mais les gars, ça ne vous dirait pas de participer aux Francos avec Avrac?» Exactement comme vous, nous avons été surpris. Dans un premier temps, on s’est demandé ce qu’on viendrait faire dans un festival de musique. Puis on s’est dit: «Tiens, mais pourquoi pas, essayons!»

Comment avez-vous envisagé cette soirée aux Francomanias?
On a hésité entre changer de concept, l’adapter à un concert, comme le fait par exemple la Compagnie du Cachot, à Moudon, qui joue des comédies musicales improvisées. Puis, on s’est dit qu’on n’allait rien changer à notre formule. A savoir sept comédiens sur scène. Le public inscrit des thèmes sur des billets que nous tirons à tour de rôle et qui nous permettent de préparer un sketch de deux à trois minutes en fonction du thème. On ne va pas faire un concert de huit chansons, comme un chanteur à textes. On va tourner autour de la musique, au sens large. Je ne sais pas trop: un chansonnier qui cherche de nouvelles paroles, un duo qui répète une chanson nulle, un chanteur d’opéra… On verra en fonction des thèmes proposés.

Comment vous êtes-vous préparés à cette soirée?
La semaine prochaine, on va se retrouver pour parler très concrètement avec les plus musiciens d’entre nous. Pour poser un peu le cadre. On tourne ensemble depuis de nombreuses années, on se connaît très bien, on sait les compétences de chacun. A trop vouloir préparer ce genre de soirée, on risquerait de ne plus se surprendre. Ce qu’on fait tout le temps lors des intermèdes. A ce moment-là, on doit tenir la scène durant deux minutes. La plupart du temps, on ne sait pas ce que les autres préparent. La nouvelle contrainte pour les Francomanias est que ce moment soit musical. Un reggae, une comptine, que sais-je. C’est la magie de l’imprévu.

Cette «expérience» est-elle amenée à se répéter?
Pour l’instant, c’est un one shot. On ne sait déjà pas trop ce que ça va donner! On va déjà essayer, voir si on y prend du plaisir et on verra. Si l’expérience s’avère cool, pourquoi ne pas la réitérer. Depuis quelque temps, Christophe Auer prend son clavier pour chaque soirée d’Avrac, notamment pour la tournée dans les grandes salles en décembre dernier. Il intervient régulièrement, pour un faux cinéma muet, une chanson politique… On a déjà une sorte de pratique. Je prends tout le temps ma guitare, Pierrick aussi. Cette soirée spéciale à Bulle nous fait plaisir. Cette contrainte supplémentaire est très intéressante.

Photo © Carlo De Rosa

Quel est votre rapport à la guitare?
Je n’ai jamais pris de cours, mais j’en joue depuis l’âge de 14 ans. J’avais un groupe comme tous les jeunes de 16 ans. On faisait du reggae ska. J’ai toujours utilisé la musique comme un outil, à titre personnel. Que ce soit à la radio ou à la télévision, on doit souvent inventer des conneries et des histoires à raconter. Et, parfois, on le fait en musique. On l’a fait régulièrement dans le cadre de 26 minutes, avec des fausses comédies musicales ou des faux clips.

Les fans de 120 secondes et de 26 minutes connaissent Black Lion Genocide. Ce groupe va-t-il faire son apparition à Bulle?
Par exemple, comme à Paléo il y a deux ans. Dans la cosmogonie de nos personnages, nous avons un groupe de rap Option musique, Klaxon & Müller, dernièrement on a fait un groupe de reggae suisse, avec un personnage de rastaman que je campe. On va certainement aller puiser dans ces personnages qui, apparemment, plaisent au public.

Bulle, samedi 2 septembre, cour du château, www.francomanias.ch

 

«Plaisir et travail pour moteur»

L’émission 26 minutes cessera à la fin de l’année et vous préparez un spectacle sur le thème de l’argent. Vous ne chômerez pas cet automne…
Là, on part pour seize semaines non-stop de 26 minutes. Ça va être intense, comme d’habitude, mais toujours très excitant. Le 16 décembre, la dernière émission se déroulera en direct sur une heure et demie. En parallèle, l’écriture du spectacle est en cours. On a passé pas mal de temps cet été à se tordre la tête, à avoir de grands moments d’angoisse, parce que la page ne veut pas se noircir, d’autres moments d’euphorie, où on trouve des idées cool. Tout ça appartient à la phase de création. Dès le mois de janvier, on monte sur le plateau et on crée. Et on envoie la sauce le 6 février.

Il y a pas mal de panache à arrêter 26 minutes alors que l’émission cartonne…
On avait déjà fait pareil à la radio, après trois saisons de matinales. Les gens étaient contents, mais on fonctionne naturellement sur des cycles. On essaie de se remettre en question, on a envie de prendre des risques. L’industrie télévisuelle a changé. On ne se verrait pas faire 26 minutes durant quinze ans, comme Le fond de la corbeille à l’époque… Par rapport au spectacle, on avait tourné le premier en même temps que la radio. On s’est rendu compte que c’était trop, que nos vies privées en prenaient un coup. Quand on a senti l’envie de remonter sur scène, on s’est demandé comment faire entrer un carré dans un triangle et on a proposé à la télévision de faire une pause. On a de la chance que la direction de la RTS nous fasse confiance. L’idée est de revenir à l’automne 2018 avec une nouvelle formule. Tout est encore top secret, parce que rien n’est défini. Mais l’envie est là des deux côtés et on avance assez sereinement, car il reste plein de belles choses à vivre.

Malgré le succès, on a l’impression que vous arrivez à ne pas vous prendre la tête…
Avec Vincent (Kucholl), on est des jeunes gars du Nord vaudois et du Chablais… A priori, on part avec une sorte d’humilité, vous voyez ce que je veux dire. On partage ce côté protestant vaudois qui ne doit pas trop se la péter, qui a surtout pour moteur le travail et le plaisir. Par rapport au show-biz romand, on pense, tous les deux, qu’il n’existe pas. Il n’y a pas de notion de star romande. Ça nous fait toujours bizarre quand on nous arrête dans la rue pour des selfies. Heureusement, tout ça ne me fait pas griller le cerveau. Dans ce métier, rien n’est acquis. On se retrouve tous les lundis devant une page blanche, on doit refaire nos preuves constamment. On ne peut pas vivre sur un nuage.

Pensez-vous venir écouter d’autres concerts durant les Francomanias?
On enregistre notre première émission vendredi. Donc on ne sera pas là avant… Mais on risque de traîner dans les parages samedi soir. D’habitude, on est assez partants pour boire un verre. Si les Gruériens ne sont pas casse-couilles, qu’ils ne nous aboient pas dans les oreilles pour faire des selfies, mais qu’ils préfèrent discuter devant une bière et avoir un échange, ce sera avec grand plaisir.

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