Les silences d’Antigone traduits en BD

Antigone est la fille d’Œdipe, le roi maudit de Thèbes. Elle est aussi la sœur d’Ismène et de deux frères qui se sont entretués pour le pouvoir, Polynice, qui a pris les armes contre sa cité, et Etéocle qui l’a défendue. Leur oncle Créon hérite alors du pouvoir. Homme juste, il reconstruit l’unité de la ville par des décisions privilégiant le bien commun. Avec une conséquence: puisque Polynice est celui qui a brisé la cohésion du peuple, son corps, laissé à l’abandon en dehors des murs, portera l’opprobre de tous.

La nouvelle loi est claire: quiconque le touchera sera exécuté. La paix des hommes est à ce prix. Mais la tradition l’est tout aussi: chaque mort doit recevoir les rites funéraires demandés par les dieux. Antigone est prise entre ces deux obligations contradictoi­res. Elle choisira d’enterrer son frère et de braver l’interdit de son oncle.

Choix de conscience
La pièce de Sophocle a 2500 ans. Régis Penet en offre une adaptation en bande dessinée singulière et puissante, tant graphiquement que narrativement, et qui en démontre toujours l’actualité. Chaque planche a été peinte sur bois et met en avant le sentiment, l’émotion en condensé. Le Français joue à merveille avec les silences, les changements d’angle et les masques du théâtre grec pour imposer le conflit intérieur et les étapes du drame.

Cet expressionnisme puissant révèle dans le tourment le face-à-face entre Antigone et Créon, entre la tradition et la loi. Une lecture qui se place entre ces deux conceptions du pouvoir et de l’obéissance, toutes deux justifiées. Le duel est insoluble, le final forcément tragique et matière à réflexion.

par Romain Meyer

Régis Penet
Antigone, d’après l’œuvre de Sophocle
Glénat

Posté le par admin dans BD Déposer votre commentaire

Ajouter un commentaire