Imaginez la petite Gertrude, 6 ans, qui, comme toutes les petites filles, rêve de devenir la princesse d’un royaume de rire et de magie. Imaginez le souhait qui se réalise…

Vingt-sept ans plus tard, Gertrude a toujours le corps d’une enfant et vit à Fairyland, un monde de couleurs vives, exubérantes, de sucre à tous les repas. Un monde d’une gentillesse maladive, où toutes les insultes se transforment en petits mots gentils – excellent travail de traduction, en passant. De quoi devenir dingue… Et c’est ce qui arrive à notre héroïne déjantée, qui a transformé sa quête pour quitter ce monde en une gigantesque série de dégommages cradingues.

Skottie Young est le roi de l’esthétique mignonne et s’est fait une spécialité des dessins de super-héros en version bébé ou d’adaptations magnifiques des romans du monde d’Oz. Il ne change pas son style pour mettre en scène les aventures de Gertrude: tout à l’air gentil et kawaï, mais le propos est corrosif. Bref, il se lâche et ça explose dans tous les sens. C’est jubilatoire tant la démesure est grande et l’absurde assumé. Ça a bien l’apparence et la couleur d’un conte de fées, mais le goût est celui d’un gros pétage de plomb libérateur et sanglant. Vous voilà prévenus.

Par Romain Meyer

Skottie Young, I hate Fairyland, 
t. I, Le Vert de ses cheveux, Urban Comics