Anne Weber, la bonté sur la Terre

C’est une sorte de saint moderne, d’Amélie Poulain ou de super-héros dont la mission serait de semer des graines de bonheur. Un illuminé, un sage, un marginal toujours distrait («je ne pense pas qu’il soit jamais descendu au bon arrêt de bus ou de métro») qui préfère marcher sur les mains plutôt que d’avoir les pieds sur terre. Il s’appelle Kirio et quelqu’un s’est mis en tête de raconter la vie de cet original qui parle aux pierres et aux nombres: «Pour la plupart de ses semblables, ces tête-à-tête avec de simples chiffres étaient une raison largement suffisante pour voir en lui un fou furieux.» Du sud de la France à l’Allemagne, il répand sa bonté sans raison ni réelle volonté, par sa seule présence miraculeuse et sa bonne humeur.

Allemande établie à Paris (elle écrit ses romans dans les deux langues), Anne Weber joue des codes du conte et de la narration. Son roman s’ouvre par ces mots: «Qui je suis? Peut-être le découvrirons-nous au fil de ce récit.» Au cours de ce sympathique et étrange Kirio, le lecteur s’interroge autant sur la personnalité du héros que sur l’identité du narrateur ou de la narratrice, qui s’amuse à brouiller les pistes. Ludique et déroutant.

Par Eric Bulliard

Anne Weber, Kirio, Le Seuil, 224 pages

 

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