Une femme de Shôwa: complications d’après-guerre

Un père disparu, une mère qui meurt lors du terrible bombardement de Tokyo de mars 1944: la vie de la petite Shôko se complique dans un Japon occupé par les militaires américains. Exactions, violence, gangs de jeunes, voire d’enfants, une partie du pays se plie aux lois de la survie. Pour la fillette, cela veut dire s’adapter à un monde hostile, où sexe et violence constituent la norme. Elle devient experte dans le maniement du couteau, avant d’être enfermée dans un centre pour délinquantes. L’enfer au féminin, et peut-être une porte vers l’amour.

Le récit d’Ikki Kajiwara (auteur du classique Ashita no Joe) et de l’incroyable Kazuo Kamimura (Lady Snowblood, Lorsque nous vivions ensemble…), au dessin toujours aussi extraordinairement fluide, ne sombre jamais dans le misérabilisme. Shôko est une femme forte, déterminée, avec ses faiblesses, coincée dans un univers malveillant, celui du règne de l’empereur Hirohito (Shôwa en japonais). Ce gekiga – «manga dramatique» – relate d’abord cette période extrêmement difficile d’un pays défait, détruit physiquement et moralement, qui doit pourtant se confectionner un avenir. Un classique paru entre 1977 et 78 disponible pour un public averti.

Par Romain Meyer

Kazuo Kamimura et Ikki Kajiwara, Une femme de Shôwa, Kana

Posté le par Eric dans BD Déposer votre commentaire

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