Tawni O’Dell chez les oubliés de l’Amérique

Il y a certes un meurtre, atroce: le corps à moitié calciné d’une adolescente est retrouvé dans une crevasse d’une petite ville minière, en Pennsylvanie. Cheffe de la police locale, Dove Carnahan enquête. Mais Un ange brûle n’a que quelques apparences du polar. L’essentiel est ailleurs, dans cette description d’une société en déliquescence, de ces familles abandonnées qui doivent bien se débrouiller, de ces régions oubliées où sourd la haine.

Révélée par Le temps de la colère (2001) puis Retour à Coal Run (2004), Tawni O’Dell n’en finit pas d’explorer ces thèmes et sa région, où elle est née il y a un peu plus de 50 ans et où elle vit toujours. Elle excelle à raconter ces communautés fermées sur elles-mêmes, qui veulent suivre leurs propres règles puisque personne ne s’intéresse à elles. Que ce soit la famille de la victime ou celle de la policière, chacune cache ses secrets, un passé de violence et de rancœur, d’alcool et de misère. L’Amérique de Tawni O’Dell ressemble à celle de Springsteen, avec ses rêves d’évasion qui se heurtent à la sombre réalité. Où le clan familial est à la fois refuge et danger. «Dès l’âge de quinze ans, j’ai eu les parents rêvés: morts, et donc désormais incapables de me faire plus de mal», résume la narratrice

Par Eric Bulliard

Tawni O’Dell, Un ange brûle, Belfond, 352 pages

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