La baie de San Francisco peine à sortir de sa léthargie en ce mois de février 1967. Renforcé par la chanteuse Grace Slick, le Jefferson Airplane en profite pour publier son deuxième album, Surrealistic pillow. La demoiselle de 27 ans arrive avec deux chansons au destin planétaire. D’abord Somebody to love, composée par son beau-frère pour leur ancien groupe The Great Society. Avec son riff surf garage et ses envolées à la reverb magnifiée, la chanson démarre au quart de tour, avec cette hargne contenue que The Ramones se chargeront de laisser exploser en 1993.
Avec White rabbit, le groupe livre les prémices du psychédélisme préhippie. Plus agressive que la version composée par Slick à l’époque de The Great Society, la chanson parle ouvertement – et sans être censurée – de champignons et de pilules «qui rendent plus grands ou plus petits / Et que celles que te donne ta maman n’ont aucun effet». Avec son crescendo à la Boléro de Ravel, White rabbit se transforme en hymne/manifeste. Quelques mois plus tard, la musique du Jefferson Airplane servira de bande-son à l’Eté de l’amour. Avant de tomber dans un certain oubli…
par Christophe Dutoit
Jefferson Airplane
Surrealistic pillow
RCA