Anne-Claire Decorvet: après le drame, questions et points de vue

Olivier, six ans, sortait de la boulangerie quand il s’est fait renverser sur un passage piéton. Les secours ne sont pas parvenus à le sauver. Drame absolu, dans ce quartier sans histoire. Mais est-ce vraiment un accident? La Porsche rutilante n’a-t-elle pas foncé exprès sur l’enfant? Sinon, pourquoi aurait-il sauté sous ses roues?

Sur cette situation initiale, Anne-Claire Decorvet tisse un séduisant roman choral, multipliant les points de vue, au fil des saisons. Les narrateurs présentent leur vision de l’événement et de ce qui l’a entouré: le père, le conducteur, une jeune fille, une vieille voisine, la mère… Ils sont 14 au total et Avant la pluie finit par créer, par leur biais, tout un univers, avec ses secrets, ses non-dits, ses violences larvées, la vie qui doit bien se poursuivre. Le procédé n’est pas nouveau et il a ses limites – son côté répétitif, notamment – mais l’auteure genevoise le maîtrise avec une habileté qui lui évite de lasser. Et la justesse de ses personnages lui permet de dépasser largement le simple procédé littéraire pour aboutir à un roman émouvant, plein d’humanité.

Par Eric Bulliard

Anne-Claire Decorvet, Avant la pluie, Bernard Campiche, 200 pages

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