L’aventure, cette fois-ci, se trouve au coin de la rue. Ou du bois. Après de nombreux périples au bout du monde (racontés dans Billet aller simple, Notre mer, Les Marquises…), Blaise Hofmann se penche sur cette nature que l’on ne sait plus voir. Parce qu’elle nous est trop proche, trop familière.
Au côté de Pierre Baumgart, peintre et graveur animalier genevois, l’écrivain vaudois s’émerveille en observant les chauves-souris «délicates, féeriques, antédiluviennes et futuristes», le butor étoilé («Je ne connaissais alors que l’écrivain Michel Butor et Le butor étoilé de Jacques-Pierre Amée»), le blaireau, la rosalie des Alpes…
Une fois de plus, Blaise Hofmann se distingue par la pertinence de son regard, la justesse de sa plume. Pas question d’extase béate ni de leçons de morale, mais une honnêteté sans faille: il ne cache pas, par exemple, sa déception à l’issue d’une visite en compagnie d’ornithologues, sur le Léman («J’ai détesté cette excursion»). A la fois hommage à l’œuvre de Pierre Baumgart (dont sont reproduites une vingtaine d’illustrations) et à la nature de nos contrées, Monde animal invite à aiguiser notre regard, comme un retour à l’essentiel. «Il m’a fallu trente-huit ans pour lever enfin les yeux au ciel et saluer ces cigognes noires qui passaient chaque année en dessus de ma tête.»
Par Eric Bulliard
Blaise Hofmann, Monde animal, Editions d’Autre part, 176 pages