Catherine Cusset: portrait de l’ami si vivant

cussetIl était flamboyant, exubérant, aimait le cinéma, la litté­rature, les femmes. La vie, quoi. Thomas s’est donné la mort à 39 ans. Catherine Cusset trace le portrait sensible de celui qui fut (brièvement) son amant, puis un ami proche. L’autre qu’on adorait (titre emprunté à Avec le temps de Ferré) s’adresse directement à Thomas.

Ce «tu», loin d’exclure le lecteur, accentue l’empathie envers cet homme qui refusait la médiocrité, cet homme trop pur pour ce monde de lâchetés et de trahisons. Intellectuel brillant, spécialiste de Proust («celui qui a tout compris, tout pensé, tout dit»), Thomas a fait son chemin dans l’implacable milieu universitaire américain. Mais un chemin parsemé d’échecs: toujours à deux doigts de décrocher le poste de ses rêves, il a dû se contenter d’universités de seconde zone et de contrats temporaires. Une mécanique se met en marche, rendue irréversible par le manque d’argent et un trouble bipolaire tardivement diagnostiqué.

Adepte de l’autofiction, Catherine Cusset (Un brillant avenir, Une éducation catholique…) met en scène cette course à l’abîme avec précision et une émotion longtemps contenue. Jusqu’à ses derniers mots, à vous tirer des larmes…

Par Eric Bulliard

Catherine Cusset, L’autre qu’on adorait, Gallimard, 304 pages

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