Laurent Mauvignier, une quête familiale au Kirghizistan

continuerUne femme et son fils adolescent dans les montagnes du Kirghizistan. Le jeune homme partait en vrille, sa mère leur a organisé une randonnée à cheval au milieu de nulle part afin de reprendre goût à la vraie vie. Pour Sibylle, qui a vu ses rêves se briser net, ce voyage est aussi l’occasion de retrouver du sens.

Avec Continuer, Laurent Mauvignier ne se contente pas de signer un simple roman initiatique ni un récit de voyage. Il dépasse également la touchante histoire d’amour maternel et filial, la description extrêmement fine des tourments adolescents et ceux d’une femme divorcée.

Comme chez tous les romanciers importants, cette histoire, aussi émouvante soit-elle, ne serait rien sans la force de la langue. Qu’il évoque le drame du Heysel (Dans la foule, 2006), ou la guerre d’Algérie (Des hommes, 2009, un des romans français les plus extraordinaires de ces dernières années), Laurent Mauvignier empoigne son sujet avec une puissance vertigineuse et une manière unique de vous prendre aux tripes.

Ses phrases s’enroulent, s’envolent, s’entrechoquent avec une élégance sidérante, pour décrire la poussière, la boue, les yourtes kirghizes, les souvenirs de Sibylle, les peurs de Samuel, «l’humus de l’odeur humaine, salée, âcre» ou les pas des chevaux («claquement, martèlement, roulement sec frappé, rythmé, toujours avec le même son syncopé plus ou moins rapide plus ou moins fort, jamais défaillant»… ). De la grande littérature, mais toujours à hauteur humaine, à portée d’émotion.

Par Eric Bulliard
Laurent Mauvignier, Continuer, Minuit, 240 pages

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